Patrimoine – TV
BONNIE & CLYDE, de Arthur Penn – 1h52
Avec Warren Beatty, Faye Dunaway, Gene Hackman –
Sortie : 1967-
Diffusion : sur Arte, le dimanche 18 à 20h55
Si Serge Gainsbourg a donné une aura certaine à ce duo d’amants criminels l’année de la sortie du film, via sa célèbre chanson en duo avec Brigitte Bardot, Arthur Penn l’a immortalisé à jamais dans ce biopic en forme de polar mené de main de maître. L’histoire est connue dans les annales du banditisme.
Nous sommes aux États-Unis dans les années 1930. C’est la Grande Dépression, suite au krach boursier de 1929. Un couple d’amants criminels, Bonnie Parker et Clyde Barrow, sillonne le pays en braquant des banques. Bientôt, l’Amérique ne parle plus que de ces hors-la-loi inexpérimentés. Certains les admirent. D’autres sont horrifiés. Quoiqu’il en soit, poursuivis par la police, ils devront bientôt faire face à leur destin…
Avec l’ouverture sensuelle du film sur Faye Dunaway fort dévêtue, Arthur Penn a marqué la mémoire des cinéphiles dans ce film sorti dans une Amérique dont la jeunesse était en plein bouillonnement politique. Il est vrai, le couple séduisant en diable se comporte de manière très juvénile, et vit une existence de marginal comme un jeu. Fût-il sanglant ! Une des astuces de Arthur Penn est de les décrire avec leur lourd passé familial, leurs faiblesses, voire leur manque de jugeote aussi.
Pourtant, avant sa sortie, le cinéaste fut critiqué pour proposer la vision « glamour » d’un vrai couple de bandits, elle, la jolie serveuse, et lui, le poète bandit amateur de gros cigares. Les « héros » d’une cavale de quatre ans qui se termina en 1934 dans une embuscade tendue par l’ancien gendarme Frank Hamer. La cavale de Bonnie & Clyde, inhumés à Dallas, s’arrêta là.
Comme le tournage s’est déroulé dans les lieux exacts où le couple commit toutes ses attaques, l’équipe du film eut le sentiment de marcher sur les traces de fantômes. Le tabac que fit le film – il lança même une mode vestimentaire – repose, outre les qualités d’une mise en scène aussi réaliste qu’efficace sur un casting magnifique. Acteur mais aussi producteur, Warren Beatty prête sa silhouette de charme au gangster à cigares, dont la virilité ne semble pourtant que de façade, deux ans après avoir tourné avec Arthur Penn son Mickey One. Si, pour Faye Dunaway, magnifique de sensualité à l’écran, ce fut la première collaboration avec le cinéaste, elle n’en resta pas là : trois ans après ce polar, elle le retrouva mais dans un western d’un nouveau genre : Little Big Man. Outre Gene Hackman, toujours impeccable dans sa prestation, on peut découvrir la présence de Gene Wilder dont le regard bleu illuminera bientôt les comédies loufoques de Mel Brooks et même de Woody Allen.
Portrait d’une Amérique en crise mais aussi de héros qui n’ont, finalement, rien de bien glorieux, Bonnie & Clyde, même si l’œuvre a parfois vieilli aux entournures, reste un incontournable du genre.

