Un conte de fée pour un magnifique naïf

TV

LA VACHE, de Mohamed Hamidi – 1h30

Fatsah Bouyahmed on the road again…

Avec Fatsah Bouyahmed, Lambert Wilson, Jamel Debbouze –

Sortie : 2016

Diffusion, sur France 3, jeudi 15 à 21h05

Si le rire est une arme contre tout racisme, ce film apporte sa pierre à ce combat. Le pitch ? Fatah, petit paysan Algérien n’a d’yeux que pour sa vache Jacqueline, qu’il rêve d’emmener à Paris, au salon de l’Agriculture. Lorsqu’il reçoit la précieuse invitation devant tout son village ébahi, lui qui n’a jamais quitté sa campagne, prend le bateau direction Marseille pour traverser toute la France à pied, direction Porte de Versailles.
L’occasion pour Fatah et Jacqueline d’aller de rencontres en surprises et de vivre une aventure humaine faite de grands moments d’entraide et de fous rires.

Ce road movie/comédie qui suit le voyage de ce paysan du bled à la Capitale n’est pas sans résonance avec La Vache et le Prisonnier. Dans ce long voyage sur les routes de France, l’odyssée de Fatah prend des allures de conte de fée et permet de montrer un Hexagone qui offre de drôles d’endroit pour certaines rencontres. Lambert Wilson campe par exemple un savoureux noble ruiné et Jamel Debbouze assure avec conviction son petit numéro. Une séquence d’autant plus vivante que l’humoriste connaissait Fatsah Bouyahmed depuis un sketch radiophonique où il interviewait en 2006 ce comédien jouant le frère de Zidane au bled : ils ont donc pu se livrer à de réjouissantes improvisations sur le plateau de La Vache.

Pour l’anecdote, tourner dans deux pays avec une vache n’a pas été une partie de plaisir. Car, le cinéaste ne pouvait ni emmener une vache française au Maroc – la partie se déroulant dans le bled algérien y a été tournée – ni une vache marocaine en France : l’équipe a donc « engagé » trois vaches identiques, une dans chaque pays. Avec, au cas où, une une doublure…

Fable savoureuse, mais pas récit à l’eau de rose, cette comédie fait souffler un brin d’optimisme dans une France traversée de relents racistes. De plus La Vache permet à Fatsah Bouyahmed de signer une composition très juste dans la peau de ce paysan aux allures de maître école. Un pèlerin qui n’est pas sans offrir une certaine parenté avec des personnages de naïfs touchants, naguère campés par Bourvil.

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