Un toubib dans l’Ouest, le vrai

La Colline des potences, de Delmer Daves – 1h46

Gary Cooper et Maria Schell

Avec Gary Cooper, Maria Schell, Karl Malden

Sortie : 1959

Delmer Daves sait filmer les êtres sur lesquels pèsent un passé oppressant. Le pitch de La Colline des potences ? Un jeune voleur de pépites d’or s’enfuit en toute hâte, blessé, du lieu de son méfait et est accueilli par le docteur Joseph Trail. Celui-ci le soigne et le cache. En échange, le malfrat promet au médecin de travailler à son service. Un jour, ils apprennent qu’une femme disparue est la seule survivante de l’attaque d’une diligence. Ils partent alors à sa recherche avec d’autres aventuriers du coin…

Dans l’univers viril et frustre des chercheurs d’or, Delmer Daves signait ici un western atypique avec un anti-héros d’autant plus parfait que le docteur Trail est campé par un Gary Cooper insaisissable sur lequel pèse un passé tragique dont le rappel a le don de lui donner des bouffées de violence. D’un froid cynisme, et marqué par le cauchemar vécu naguère, il peut aussi bien se fermer que de se laisser aller à une vraie humanité comme le prouve son attitude avec la jeune femme laissée pour morte en plein soleil et dont il va soutenir la convalescence. Il fait de même avec la petite fille, victime de malnutrition, de mineurs qui n’ont pas les moyens de payer la visite.

Toujours impeccablement habillé de noir, Cooper promène sa longue silhouette élégante au milieu des campements de ces chercheurs d’or qui forment un melting-pot des plus explosifs avec des aventuriers qui sont brut de décoffrage. Et, quand la colère éclate, il n’est pas le dernier à sortir ses poings.

Si Maria Shell ne brille pas par son jeu, elle est, à sa décharge, entourée par deux comédiens qui « bouffent » l’espace, car Karl Malden est, lui-aussi, impeccable en aventurier obsédé par l’or et les femmes et qui a bien du mal à brider ses pulsions. Pour la petite histoire : Delmer Daves étant très malade, c’est Karl Malden qui termina le tournage, aidé par le réalisateur Vicent Sherman.

Très bien mis en scène avec notamment une belle utilisation de cette colline sur laquelle se déroulent bien des séquences fortes de ce western crépusculaire, le film résonnait particulièrement dans un pays où flottaient encore les remugles du relents du McCarthysme. C’est Boris Vian qui signa la version française de L’Arbre aux pendus, western à la splendide facture.

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