Patrimoine
L’ENFER DES TROPIQUES, de Robert Parrish – 1h50
Avec Robert Mitchum, Rita Hayworth et Jack Lemmon
Sortie : 1957
Le scénario du film « sent » le classique film d’aventures. Deux associés contrebandiers aux Antilles, Felix et Tony sont contactés par Irena désireuse de se rendre sur l’Ile de Santa Nada. Ils acceptent de la prendre sur leur bateau et Tony tombe amoureux de la belle. Les rapports entre les deux hommes deviennent vite tendus, l’affrontement est inévitable… tout comme la trahison
Dans ce film de Robert Parrish, le réalisateur de L’Aventurier du Rio Grande, tous les ingrédients du genre sont là : les paysages des tropiques, les baroudeurs qui fonctionnent à grandes lampées de whisky et autres rhums locaux, les bars louches où se négocient bien des magouilles, les danses (celle du bâton est magnifique de sensualité et d’adresse)… Le tout dans un décor de vieilles villes coloniales où les rues en pente offrent un panorama de carte postale.
Pourtant ce film méconnu mérite de ne plus l’être, tant le scénario est plus subtil qu’il n’en a l’air ce qui permet à la caméra de suivre les péripéties arrivant à trois personnages qui ne présentent strictement aucun intérêt pour personne mais, qui sont terriblement humains. Avec, en toile de fond, ces tropiques où les vies se font et se défont le temps d’un danse ou d’un règlement de compte…
Rita Hayworth est magnifique dans le rôle de cette femme énigmatique qui se livre peu mais, dont on sent qu’elle trimballe un lourd passé de violences reçues en Europe. Quant à Robert Mitchum et Jack Lemmon, ils jouent avec une forte conviction ces deux copains aux caractères aussi différents que bien trempés et qui se déchirent par amour pour cette étrange passante.
En vieux marin alcoolique – on se demande même s’il change parfois de tenue – Robert Mitchum, un gros cigare souvent aux lèvres, assure avec la nonchalance qui est sa marque de fabrique. Rien que la séquence où, un verre en main, il demande à son copain de le laisser écouter Beethoven sur un vieux photo rongé par l’humidité vaut le détour.
Quant à la séquence finale, sur le vieux cargo accidenté où Tony (Jack Lemmon) est prisonnier des poutrelles d’acier, elle aurait pu donner lieu à des moments de pur mélo. Il n’en est rien et le duo assure un instant de belles fraternité alors que les marins américains du port tente de l’extraire de ce cimetière de métal sur un navire qui peut exploser à tout moment. Jusqu’à la scène finale, cet Enfer des tropiques surprend celui qui aime les cinéastes sachant installer une atmosphère par petites touches…

