Un western qui défend les Indiens

Patrimoine

Une des affiches du film

LES AFFAMEURS, de Anthony Mann – 1h27

Avec James Stewart, Julia Adams, Arthur Kennedy, Rock Hudson

Sortie : 1952

Avec Les Affameurs, on replonge dans un western de l’âge d’or du genre. L’histoire ? Deux hommes au passé trouble, Glyn McLyntock et son ami Emerson Cole, escortent la longue marche d’un convoi de pionniers. Arrivés à Portland, les fermiers achètent des vivres et du bétail que Hendricks, un négociant de la ville, promet d’envoyer avant l’automne. Les mois passent et la livraison se fait attendre. McLyntock alors retourne à Portland avec Baile, le chef du convoi. Ils découvrent une ville en proie à la fièvre de l’or. Hendricks, qui prospère en spéculant sur ce qu’il vend aux prospecteurs, refuse de livrer la marchandise. Cole et McLyntock s’en emparent de force. Mais les vivres suscitent la convoitise de tous…

Deuxième western tourné par James Stewart avec Anthony Mann, Les Affameurs serait un western classique – avec les convois de chariots, ces bars louches, les chercheurs d’or qui mettent la moindre ville en ébullition. Les grands espaces, les éleveurs et les exécutions sommaires…

Deux amis qui vont s’affronter…

Mais, il y a surtout le personnage de James Stewart qui, au péril de sa vie, tente de signer une paix avec les Indiens et parvient à une trêve même si certains colons font tout pour provoquer la guerre. Les séquences il partage le quotidien de ces Peaux Rouges témoignent, malgré certains moments un peu caricaturaux, de l’ouverture d’esprit d’un cinéaste qui se refuse à une vision manichéenne de cette conquête de l’Ouest et montre comment certains ont un intérêt financier à exterminer les populations indiennes locales en les poussant à bout ou en tendant un traquenard à leur chef respecté.

Dans une nature à la fois magnifique et angoissante – les séquences avec le bateau à aubes sont magnifiques tout comme le plan où Julia Adams, blessée, est couchée dans un chariot avec, dans le fond, un majestueux mont enneigé – ce film se joue de bien des nuances et Arthur Kennedy campe une magnifique figure du bandit, tour à tour sympathique ou capable d’accès de violences mal contrôlées. Et dont le sourire cache quelqu’un capable de bien des dissimulations…

Un western à voir et revoir pour retrouver James Stewart qui campe, une fois encore, un homme plein d’humanisme : la scène où il évoque d’un geste la pendaison dont il fut victime vaut mieux qu’un long discours. Dans une conversation avec un de ses acteurs favoris, Anthony Mann disait en 1967 : « Je crois à la conception visuelle des choses. Le choc d’un seul petit plan peut nous faire entrevoir toute une vie, tout un monde. Mieux que le plus brillant des dialogues. Les mots ne sont là que pour souligner l’image. Le meilleur exemple du bon film serait celui que l’on comprendrait entièrement en coupant la bande sonore, en ne regardant que les images. »

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