Une guerre d’Espagne de caricature

LA FÊTE ESPAGNOLE, de Jean-Jacques Vierne – 1h35

avec Peter Van Eyck, Daliah Lavi, Roland Lesaffre

Sortie : 1961

L’affiche originale

La Fête espagnole joue sur un double tableau : drame de guerre, c’est aussi une histoire d’amour fou. L’histoire ? Après voir fui l’armée rouge et pris la nationalité belge, Michel Georgenko s’engage dans les Brigades internationales qui luttent contre Franco. Le hasard fait qu’il croise une jeune journaliste américaine, Nathalie Conrad, qui veut l’interviewer sur son engagement. Avant de vivre une folle nuit d’amour avec lui. Le lendemain, en compagnie du partenaire américain de Nathalie, Michel part à Barcelone avec eux pour rejoindre le front. Mais la vie va les réunir pour le meilleur et… pour le pire.

D’un scénario concocté avec José Bénazéraf, qui fut si proche de la Nouvelle Vague, on pourrait attendre plus d’audaces. Malgré quelques moments forts, notamment les scènes du front où les escarmouches se passent en un éclair de violence, malgré la description assez juste de l’atmosphère de fièvre chez les Républicains et des tensions internes (notamment entre les communistes et les anarchistes), ce drame de guerre empêtré dans une histoire d’amour à l’eau de rose, finit par sombrer dans une vraie caricature.

La belle Dalia Lavi promène sa fière silhouette dans les lieux les plus improbables et ressemble assez peu aux quelques reporters courageuses qui ont couvert cette guerre civile. Quant à Peter Van Eyck (Le Salaire de la peur), il est assez crédible en baroudeur revenu de tout, porté sur l’alcool et recherchant une fraternité virile. Et Roland Lesaffre prouve une fois de plus son talent dans un second rôle qui enrichit le casting et marque l’écran de chacun de ses apparitions

Quand Nathalie, emprisonnée, est réconfortée.

C’est dans la dernière partie du film, que la caricature est à son comble. Si le réalisateur montre bien une réalité des combats – avec Roland Lesaffre torturé et aveuglé par les troupes franquistes ou l’exécution de certains soldats allemands, des légionnaires par les miliciens républicains – les erreurs sont nombreuses. Ainsi, dans la ferme des anars, figure le slogan « Viva la muerte » alors que ce fut celui des franquistes et lesdits combattants semblent plus des brutes attirés par le sang que des militants libertaires. Tout cela finit par devenir lourd malgré une mise en scène qui exploite bien les décors naturels de Collioure, Opoul ou encore Le Perthus. Une vraie déception. Et la tension dramatique finale n’est pas atteinte du tout.

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