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LES DAMNÉS DE LA COMMUNE, de Raphaël Meyssan – 1h35
Documentaire
Sortie : Arte, mardi 23 mars 2021
Mon avis : 4 sur 4
La Commune continue à susciter des discours passionnés. Pour célébrer les 150 ans de cette histoire tragique, exaltante, Raphaël Meyssan signe un documentaire singulier sur cette révolution singulière car construit autour de gravures d’époque. Un opus aussi original que captivant.
La Commune, c’est deux mois de « rêves » populaires . Du soulèvement du 18 mars 1871 à la « Semaine sanglante » qui s’acheva le 28 mai 1871, Paris fit il y a cent cinquante ans l’expérience d’une insurrection populaire et démocratique. Une Commune dont le nom est pour l’éternité unie à la capitale française, même s’il y a eu d’autres communes dans des grandes villes françaises (à Marseille , Lyon et Narbonne notamment). Elles-aussi durement réprimées par le pouvoir bourgeois
Pour évoquer cette page majeure de la fin du XIXème siècle, Raphaël Meyssan a opté pour l’élégance du souvenir. Exhumant des documents des livres et journaux de l’époque, le réalisateur nous immerge dans un récit aussi épique qu’intime avec, en fil rouge de cet « hommage aux révoltés de la Commune », une certaine Victorine Brocher, 38 ans, une piqueuse de bottes qui va devenir cantinière au 17ème bataillon de la Garde nationale. Sur ses pas, on revit ces jours qui vont des rêves d’un avenir meilleur aux massacres commis par l’armée de Thiers, juste avant les déportations de sinistre mémoire…
Porté par les voix de dix grands comédiens connus – de Yolande Moreau, qu’on croirait presque née pour dire la Commune, à Simon Abkarian – ce document de grande classe raconte par le menu les 72 jours de cette populaire insurrection. On y suite Victorine qui court de Belleville à Montmartre sous la mitraille. Une femme de conviction dont le fils est mort de la misère et le mari est tombé les armes à la main… Comme d’autres pauvres, durant le siège de Paris, elle mange du rat !
Par petites touches, l’animation redonne vie à ce passé : des balles annoncent la mort; un corbeau s’envole; un regard troue l’espace; une carte s’anime pour tracer les limites d’une révolte… Cette construction, portée par la musique ciselée de Yan Volsy et Pierre Caille, célèbre de belle manière cette révolution et la répression féroce qui voulut effacer le souvenir d’idéaux révolutionnaires. Est-ce pour ça que le souvenir de la Commune continue de susciter aujourd’hui des polémiques un brin stériles ? On peut le penser en son for intérieur… C’est pour ça que ce documentaire est nécessaire.
A signaler la publication en trois volumes de Les Damnés de la Commune aux Éditions Delcourt.
