PATRIMOINE
ZÉRO DE CONDUITE, de Jean Vigo – 42 minutes
Avec Jean Dasté et les cinquante gosses du collège
Sortie : 1933
Classique d’entre les classiques, Zéro de conduite reste toujours un hymne à la révolte. Le film raconte la conspiration fomentée, pour combattre l’ennui et se révolter contre l’autorité, par quatre adolescents (Caussat, Colin, Bruel et Tabard) à l’occasion de la fête officielle d’un pensionnat de province.
Tourné en noir et blanc avec un sens du rythme consommé, et un montage chaotique et décousu en diable – la durée avait été imposé par les producteurs- ce film est un objet cinématographique non identifié en forme d’hymne à la désobéissance. Le temps fort reste la séquence où le jeune Tabard dit « merde » avec autorité…à l’autorité. Sur le plateau, Jean Vigo avait fait fort : il avait choisi les enfants turbulents dans les arrondissements populaires de Paris. Quant au rôle du principal, il est joué, tout un symbole, par le nain Delphin.
Lors de la projection, le film provoqua une certaine polémique. André Gide par exemple a quitté la salle avant la fin. Et le propos anarchiste du film n’arrange rien dans une France très conservatrice.

En avril 1933, le film sera même interdit comme « attentatoire au prestige du corps enseignant français. » Il faudra attendre 1945 pour le voir de nouveau programmé après la mort du cinéaste d’une septicémie en octobre 1934. La musique de Zéro de conduite est signé Maurice Jaubert qui sera tué au front en juin 1940. De lui, Jean Vigo disait : « Jaubert a assez de talent pour permettre qu’à l’occasion, les hurlements de gosses couvrent sa musique. »
Huit décennies après sa sortie, ce Zéro de conduite demeure ce qu’il est : un petit chef d’œuvre. Rien que la bataille de polochons demeure un des sommets du 7ème Art avec une illustration sonore d’une rare modernité.
