TV

Avec La Fille au bracelet, Stéphane Demoustier signait en 2020 une histoire des plus originales, dépassant le simple film de procès. L’histoire est aussi une réflexion sur l’éducation, la connaissance de ses enfants. Et l’interprétation est magnifique.

Diffusion :  Canal+, mercredi 10, 21h10 (rediffusions 12/3; 13/3)

Le scénario de La Fille au bracelet a des accents de banal fait-divers. Lise, 18 ans, vit dans un quartier résidentiel sans histoire et vient d’avoir son bac. Mais depuis deux ans, Lise porte un bracelet car elle est accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie…

Outre le regard parfaitement objectif porté sur la marche d’un tribunal – dans le moindre détail, Stéphane Demoustier s’efforce d’être le plus proche de la vérité documentaire – ce film subtil est aussi une très fine analyse des relations parents-enfants et des mœurs de la jeunesse actuelle que le cinéaste dépeint sans jamais porter de jugement. Il ne s’agit pas  non plus d’un opus militant sur l’homosexualité féminine mais plutôt d’une réflexion des différents visages du sentiment amoureux.

De fait, portée par l’interprétation d’une finesse sans failles de Mélissa Guers, Lisa est une jeune fille qui échappe à tout jugement, dont le regard volontaire ne masque pas les fêlures profondes malgré une forme de morgue. Dans la confession finale, très émouvante,  à la mère de son amie, ce masque se lézarde d’ailleurs…

Porté par une mise en scène aussi sobre que rigoureuse, le film montre aussi comment les parents semblent dépassés par les désirs, les craintes de leur propre fille, même s’il y a entre eux un amour très fort. Et aussi bien Chiara Mastroianni que Roschdy Zem forment un duo poignant, malgré une grande économie de jeu et de dialogues.

Face à la procureure assez distante – un rôle tout à fait neuf pour Anaïs Demoustier-  le film décrit très bien des personnages barricadés sur eux-mêmes et qui ne laissent échapper la vérité que de courts instants. A voir sans hésiter.