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Avec Frantz, sorti en 2016, François Ozon croisait deux destins dans un contexte politique des plus lourds : celui de l’après 14-18. Un objet cinématographique magnifiquement joué et réalisé.
Diffusion : sur Arte, le mercredi 10 mars à 20h55
S’inspirant d’une pièce de Maurice Rostand déjà portée à l’écran par Ernst Lubitsch (Broken Lullaby), François Ozon signait avec Frantz un drame marqué par le premier conflit mondial. Au lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français, Adrien, est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. Cette présence à la suite de la défaite allemande va provoquer des réactions passionnelles dans la ville…
François Ozon est un cinéaste qui prend des risques et le prouve ici avec un vrai mélodrame, magnifié par une utilisation impeccable du noir et blanc (au départ imposé par des contraintes de coût) et en se jouant parfois de couleurs vives. Pour le scénario, il signe là une histoire marquée par le mensonge qu’il jugeait intéressante à notre « époque obsédée par la vérité et la transparence. »
Deuil, initiation à l’amour… sont des thèmes chers au cinéaste que l’on retrouve dans ce drame, magnifiquement joué par Pierre Niney, avec ce personnage mystérieux, et la jeune Paula Beer, qui tournait ici son premier film sorti en France. Les acteurs se sont d’ailleurs investis dans les dialogues à la demande du cinéaste. « Ils étaient très coopérants » a-t-il noté.
Tourné dans une petites villes à 200 kilomètres de Berlin, dans l’ancienne Allemagne de l’Est dont l’architecture ressemble à celle des petites villes de l’époque de l’action, Frantz est une réflexion critique sur la guerre, avec la vision de pères envoyant leurs fils à la mort et trinquant à leur décès. Un des temps forts de l’opus est le moment où deux des victimes du conflit s’étreignent dans une tranchée. La suite est à découvrir dans ce très beau film…
