SE RIRE DU NAZISME

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Taika Waititi a osé se rire du nazisme avec Jojo Rabbit, sorti en 2019. Une loufoquerie où le non sens est mis au service de la lutte contre le racisme cher à Hitler…

Diffusion : Canal +, mardi 2 mars, 21h10

 

Jojo Rabbit est une pochade cinématographique dans la droite lignée de Mel Brooks ou de Chaplin qui ont osé attaquer la nazisme par le rire et le  non-sens. L’histoire ? Jojo est un petit allemand solitaire dont la chambre est tapissée de posters du Führer. Il va participer à un camp d’été des jeunesses hitlériennes où il va être blessé par une grenade, victime de sa peur et de son trac. A sa sortie de l’hôpital, sa vision du monde est mise à l’épreuve quand il découvre que sa mère cache une jeune fille juive dans leur grenier. Avec la seule aide de son ami aussi grotesque qu’imaginaire, Adolf Hitler en personne, Jojo va devoir faire face à son nationalisme aveugle.

Fils d’un père maori et d’une mère juive d’origine russe, le cinéaste néo-zélandais attaque d’emblée, dans la séquence d’entraînement des jeunesses hitlériennes, par un univers loufoque et débridé. Tout est coloré, chatoyant et le cinéaste se moque allégrement du décorum et des costumes des officiers nazis, dont l’acte de courage est de savoir tuer un simple… lapin. Avec ce film, le cinéaste a pris le parti d’adapter Le Ciel en cage, de Christine Leunens (2004). Il souligne : « Celui-ci m’a intrigué parce que cette histoire était racontée à travers le regard d’un enfant allemand endoctriné, éduqué à la haine par les adultes ».

Pour autant, le rire n’est jamais gratuit dans cette première partie et il permet d’éveiller les consciences face à ces idéaux les plus abjects. Particulièrement à une époque où renaît parfois en Europe une nostalgie de ces années noires. En outre, le ton change radicalement dans la deuxième partie du film où Jojo découvre la jeune fille juive cachée par sa mère – Scarlett Johansson est rayonnante dans ce rôle – et où il va tout doucement se charger de la protéger, en tombant aussi amoureux d’elle.

Commentaires du réalisateur : « Je ne voulais en aucun cas faire un drame classique sur la haine et les préjugés parce que nous sommes désormais beaucoup trop habitués à ce genre de films. […] Alors, dans Jojo Rabbit, j’amène le public au bon état d’esprit en le faisant rire, et une fois qu’ils ont baissé la garde, je commence à semer ces petites doses de drame qui ont un poids sérieux et prennent leur place en eux ».

In fine, cette comédie apparaît comme une charge contre le sectarisme et une ode à l’amour. Comme les deux jeunes interprètes sont crédibles, on se laisse prendre au jeu, même si cet esprit du non-sens et des dialogues à la Marx Brothers a tout pour dérouter les esprits cartésiens.

 

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