GARY COOPER FACE AU NAZI

Patrimoine


CAPE ET POIGNARD, de Fritz Lang – 1h32

avec Gary Cooper, Lilli Palmer, Robert Alda.

Sortie : 1946

L’histoire ? Durant la Seconde Guerre mondiale, un Américain tente d’enlever un savant italien aux mains des Allemands. Ce chercheur vient de mettre au point la formule de la première bombe atomique.

Après avoir choisi l’exil pour les États-Unis, car refusant de tourner pour le régime nazi, Fritz Lang continua de tourner. En 1938, il écrit un scénario- Hommes sans patrie– où déjà il est question d’espions allemands, d’armes secrètes à la puissance aussi inconnue que terrifiante. Pour autant, le projet capota mais, Lang en garda la trame quand il commença à écrit Cape et Poignard. Entre les deux dates, il y a avait eu des millions de morts, les deux bombes atomiques et la nouvelle histoire ne pouvait qu’être plus ancrée dans le climat de tension surgissant à la Libération et qui annonçait les débuts de la guerre froide.

D’un film d’espionnage classique, Fritz Lang parvient à tirer un opus qui détonne dans le genre. Avec notamment un héros, campé par Gary Cooper toujours d’une grande justesse de jeu, qui est un scientifique écœuré par les directions prises par certains scientifiques et qui se trouve contraint à s’engager.

Il n’est pas très compétent en matière d’espionnage et, très vite, ses bévues le font repérer par les espions nazis. Et, dès qu’il est livré à lui-même, il retourne à ses chères équations mathématiques. Un parfait anti-héros confronté à des aventures qui le dépassent. Le cinéaste sait aussi se jouer des codes et instiller des temps d’humour pour mettre en pause la progression dramatique. Ainsi avec la séquence du chat quand Gary Cooper est hébergé par Lilli Palmer dans son appartement et où toute tentative de séduction est d’emblée laissée de côté. Soudain, les yeux du félin dans le noir font d’abord croire à la présence d’un dangereux ennemi avant que la réalité la plus banale de soit dévoilée. En prime, le chat sera à la base d’un incident qui pousse le duo à fuir à nouveau.

Un des points culminants du film est le combat d’une rare violence entre Gary Cooper et un Allemand dans le hall d’un immeuble où le pugilat est couvert par une chanson populaire se jouant dans le rue. C’est violent, tendu avec, dans le dénouement avec la scène du ballon perdu dans l’escalier, un clin d’œil manifeste à M le Maudit.

Dans un univers d’un grand réalisme où il est autant question de rationnement, de décombres que de lâcheté, Fritz Lang signe un grand film d’espionnage où la réalisation  épurée et sans grands effets,  est, pour autant, d’une efficacité totale avec une utilisation parfaite du noir et blanc.

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