ORSON WELLES DANS UN FILM DE GENRE

Patrimoine


L'affiche originaleLE CRIMINEL, de Orson Welles – 1h35

Avec Orson Welles, Edward G. Robinson, Loretta Young

Sortie : 1946

 

Avec Le Criminel, Orson Welles acceptait pour la première fois de tourner un film de commande avec un polar dont le scénario résonne originalement juste après la Deuxième Guerre mondiale. Le scénario ? Wilson, inspecteur de police chargé de retrouver les criminels de guerre allemands, fait relâcher Meinike, ancien chef d’un camp d’extermination, et le surveille jusqu’à Harper, village américain où l’Allemand retrouve son ancien supérieur, Franz Kindler. Franz, vivant sous le nom de Charles Rankin, est devenu un honorable professeur de collège et épouse Mary, fille du respectable juge Longstreet. Pour éviter les indiscrétions de Meinike, Charles le supprime. Wilson mène l’enquête…

Après l’échec commercial de ses premiers films – Citizen Kane (1941) et La Splendeur des Amberson (1942), sans oublier le tournage inachevé d‘It’s all True, Orson Welles repassait derrière la caméra : « Je l’ai fait pour prouver à l’industrie que j’étais capable, moi aussi, de tourner un film hollywoodien standard, en respectant les contraintes de temps et de budget ». Pour autant, il n’a pu mener, une fois encore, le projet comme il le voulait et plusieurs scènes du Criminel ont été supprimées contre sa volonté, et Welles a finalement désavoué son film.

Au départ, il voulait même que Agnes Moorehead, présente dans ses premiers films,   campe l’inspecteur de police. « Le nazi aurait eu une vieille fille sur les talons », raconta-t-il à Peter Bogdanovich. Finalement, il a dû se résoudre au choix moins original d’Eward G. Robinson, au demeurant très crédible dans ce personnage.

Et pourtant, le « génie » cinématographique de Welles est bien présent tout au long de ce film noir tant sur le plan du montage que de la mise en scène avec l’utilisation toujours judicieuse du grand angle qui permet de conférer aux séquences dans le clocher un côté oppressant à souhait. De même dans l’alternance des gros plans et des plans larges et dans les utilisations des ombres avec un sens consommé des effets dramatiques. Sans oublier la qualité de sa direction des autres comédiens.

Jouant une fois de plus avec un postiche nasal – on sait que Welles était obsédé par le sien qu’il trouvait peu esthétique – Welles campe avec gourmandise ce personnage de salaud complet qui sait utiliser l’amour que lui porte sa femme pour tenter de sauver sa peau. Et qui parvient à vivre en permanence sur le fil du rasoir.

Terminant son polar par la scène de bravoure dans le clocher avec l’utilisation subtile de l’horloge animée, Welles signe un film qui porte, malgré tout, sa griffe. Un vrai classique du genre…

 

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