LA FOLIE DARIO FO

PATRIMOINE


LE DINGO, de Carlo Lizzani – 1h24

Avec Dario Fo, Franca Rame

Sortie : 1956

Le pitch du film est simple : un facteur, Achille,  qui rêve de devenir reporter se transforme en voleur de chiens de race. Un demi-siècle avant le burlesque façon Benigni, Dario Fo s’affirme comme un maestro du comique surréel, loufoque et d’un certain burlesque.

Il a une façon singulière d’utiliser son corps avec une gestuelle originale aussi bien dans les séquences d’action – la course avec l’autocar de la ville ou sur le stade- que dans les moments plus calmes et plus dialogués.

Et, alors qu’on ne l’attendait pas là, Carlo Lizzani, ancien assistant de Rossellino pour Allemagne année zéro,  d’abord remarqué pour des films plus politiques comme Chronique des pauvres amants, prix spécial du Jury au Festival de Cannes, met son sens de la réalisation au service d’une comédie radicale et provocatrice. Et dans la salle de sports, Carlo Lizzani saisit même une certaine sensualité en suivant le regard de Dario Fo qui admire l’ombre portée d’Elena exécutant une figure aérienne au trapèze.


Rappelant les films de Mack Sennett ou des séquences d’un autre roi du burlesque et du non-sens, Buster Keaton, Le Dingo est un film inclassable où, à côté de moments bourrés d’excentricité (celle du match de foot), le metteur en scène, bien servi par un acteur de grand talent, ironise sur la société italienne. Notamment sur le rôle des médias. Cela donne, par exemple, le moment d’une grande ironie où le boss du journal explique à son employé comment si un chien mord un homme ce n’est pas « un bon fait-divers » alors que si un homme mord un chien… C’est déjà le cynisme de certains patrons des médias qui s’expriment ici en toute impunité et ne donne pas une vision très glorieuse des lecteurs.

Faisant parfois penser à Jacques Tati, voire à Pierre Étaix, Dario Fo prouve en tout cas l’étendue de son talent comique dans un registre nettement plus surréaliste que celui d’autres monstres de la comédie italienne.

 

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