PATRIMOINE
LA MEILLEURE FAÇON DE MARCHER, de Claude Miller – 1h30
Avec Patrick Dewaere, Patrick Bouchitey
Sortie :1976
Mon avis : 4 sur 5
Diffusé sur France 5, lundi 8, 20h50
Avec le recul, La Meilleure façon de marcher, de Claude Miller conserve sa triste actualité. On se souvient de l’histoire… Durant l’été 1960, Marc et Philippe sont moniteurs dans une colonie de vacances en Auvergne. Tout les oppose : le premier se veut viril, tandis que le second se montre beaucoup plus réservé et taciturne. Au cours d’un malheureux concours de circonstance, Marc surprend Philippe habillé en femme. Une relation ambigüe, mélange de sadisme et de vénération, s’instaure alors entre les deux hommes.
En fait, le film porte moins sur une forme d’homophobie que sur le vrai harcèlement moral, deux sujets qui, un demi-siècle plus tard, continue de faire parler d’eux dans la société. Assistant pour Bresson, Demy ou encore Godard, Miller signait avec ce premier long métrage un opus très fort, nourri de ses souvenirs dans les colonies de vacances et d’une interview d’Ingmar Bergman à propos de l’humiliation…
Porté par une distribution soignée jusque dans les moindres seconds rôles (que ce soit Claude Piéplu, magistral, Christine Pascal, d’une sensibilité sur le fil, ou encore Michel Blanc), ce film est une réflexion grinçante sur un univers où les beaufs rentrent dans le lard des intellos dans la salle
des monos, et où la finesse est rarement de mise.
Au départ, c’était Philippe Léotard qui devait camper le personnage du sportif que joue avec une brutalité froide un Patrick Dewaere, une fois encore éblouissant. Et surtout, ce film fut l’occasion de découvrir Patrick Bouchitey, qui joue à fleur de mots et à fleur de peau, et dont le film révéla la finesse de jeu. Jusqu’à l’affrontement final avec Marc, Bouchiteyparvient à exprimer toutes les blessures profondes de son personnage, à montrer sa difficulté d’être, sans jamais forcer le trait.
Réalisation sobre et efficace, finesse des dialogues, puissance de la distribution : il n’y a rien à jeter dans ce premier film de Claude Miller !
