PATRIMOINE
GREEN BOOK, de Peter Farrelly – 2H10
avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali
Sortie : 2018
Green Book est l’improbable amitié, mais bien tiré de faits réels, entre un pianiste de jazz américain, Don Shirley, et son chauffeur blanc italo-américain, Tony Lip. Ensemble, ils partent faire le tour des salles de concert du Sud ségrégationniste dans les années 60. Le titre du film (Green Book : Sur les routes du sud) est inspiré par un guide de voyage intitulé The Negro Motorist Green-Book et qui, publié chaque année entre 1936 et 1966, recensait les commerces et autres établissements qui acceptaient la clientèle noire. Il était l’œuvre de Victor Hugo Green, un postier afro-américain de New York, d’où ce surnom de « livre de Green ».
De plus, ce film a été co-écrit par Nick Vallelonga qui est le propre fils de Tony Lip, incarné à l’écran par Viggo Mortensen. Et son fils de le décrire comme « un personnage hors du commun, truculent et fantasque, à l’image de ceux de Damon Runyon. Lorsqu’il entrait dans une pièce, tout le monde le remarquait ». Ayant travaillé pendant douze ans au Copacabana, une boîte de nuit fréquentée par les gros bonnets de la mafia et des stars comme Sinatra, Tony Lip a même fait des apparitions dans Le Parrain ou Donnie Brasco, entre autres.
En revanche, la biographie de Don Shirley est des plus restreintes : les seuls documents à notre disposition sont les livrets de ses albums qu’il écrivait lui-même.
Avec pédagogie et humour, Peter Farrelly suit le voyage de ce duo que tout oppose et ce, d’autant
plus que Tony Lip est un soupçon raciste et il apparaît comme aussi brut de décoffrage que son patron est raffiné et élégant. Paradoxalement, ces ceux êtres que tout oppose – le cinéaste sait d’une séquence discrète évoquer aussi l’homosexualité du pianiste, autre élément « à charge » dans ce sud ségrégationniste – vont nouer une amitié qui durera cinq décennies.
Ce premier long métrage solo de Peter Farrelly est un petit miracle de finesse et d’intelligence pour dénoncer une situation que l’on croit sortie d’un autre âge. Et puis, les deux comédiens signent des compositions parfaites et si Maheshala Ali mérite complètement l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle – Green Book a aussi obtenu celui du meilleur film et du meilleur scénario original – Viggo Mortensen aurait pu aussi être distingué par un prix. À découvrir sans attendre !
