UNE THRILLER POLITIQUE ITALIEN

PATRIMOINE


PIAZZA FONTANA, de Marco Tullio Giordana – 2h00

avec Valerio Mastandrea, Pierfrancesco Favino, Michela Cescon

Sortie : 28 novembre 2012

Avec ce drame, Marco Tullio Giordana (l’auteur du magnifique Nos meilleures années) nous replonge dans les années noires de l’Italie. L’action se passe à Milan, le 12 décembre 1969. Une bombe explose à la Banque Nationale d’Agriculture sur la Piazza Fontana, faisant 17 morts et 88 blessés. Le commissaire Luigi Calabresi, chargé de l’enquête, s’oriente vers les milieux d’extrême gauche et d’extrême droite mais peu à peu, il a la certitude qu’il faut aller chercher les responsables dans les hautes sphères politiques. A ce jour, personne n’a été déclaré coupable dans l’attentat de Piazza Fontana : une des affaires les plus sombres de l’histoire contemporaine d’Italie.

Sous la forme d’un thriller, servi par une réalisation efficace et carrée, ce film offre une réflexion sur l’Italie vivant bien des manipulations et bien des complots politiques. De fait, cet attentant marqua, entre autre, le début des « années de plomb italiennes » marquées aussi par le meurtre d’Aldo Moro.


Outre la reconstitution précise du climat de l’époque, le film repose sur le jeu impeccable des deux acteurs principaux, Pierfrancesco Favino notamment qui incarne le militant anarchiste Giuseppe Pinelli, défenestré dans des circonstances étranges et qui fut le héros d’une célèbre chanson militante.

Déjà un an avant son assassinat, un cinéaste italien, le « grand » Pasolini, avait tenté de dénoncer les agissements du gouvernement et déclaré : « Je sais les noms des responsables du massacre de Milan, le 12 décembre 1969. Je sais les noms des responsables des massacres de Brescia et de Bologne perpétrés au début de l’année 1974. Je sais les noms de ceux qui composent le « sommet » qui a agi, les voici : des vieux fascistes adeptes de « coups d’État », des néofascistes, auteurs matériels des premiers massacres, et enfin des « inconnus », auteurs matériels des massacres plus récents (…) je sais mais je n’ai pas les preuves ». Un an après, il était assassiné dans des circonstances des plus troubles. Cette fois, Marco Tullio Giordana a mené le projet en bien en déclarant : « Aujourd’hui, plus de quarante ans après, ces preuves sont enfin accessibles à tous ceux qui veulent vraiment savoir. Le moment est arrivé d’en faire le récit, de les faire connaître ».

Avec un tel opus, le cinéaste réussit à cultiver un vrai devoir de mémoire.

 

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