TOSHIRO MIFUNE RÉALISATEUR

PATRIMOINE


L’HÉRITAGE DES 500 000, de Toshiro Mifune- 1h38

Avec Toshiro Mifune, Tatsuya Mihashi, Tsutomu Yamakazi

Sortie : 1963

Sacré plus célèbre acteur du cinéma japonais,  comédien qui tourna pour les plus grands cinéastes avec comme point culminant de sa carrière sa prolifique collaboration avec Akiro Kurosawa, Toshiro Mifune, qui fut également producteur pour lancer cet ouvrage, est passé une seule fois derrière la caméra pour réaliser ce film qui a la guerre pour toile de fond.

Le pitch ?  Durant la Seconde Guerre mondiale, le commandant Matsuo participe à l’ensevelissement de plusieurs milliers de pièces d’or dans la jungle philippine. Alors qu’il pensait ce trésor enfoui à tout jamais, voilà qu’un riche homme d’affaires, Mitsura Gunji, lui propose de partir à la recherche du butin. Contraint d’accepter, Matsuo retourne aux Philippines accompagné de quatre hommes recrutés par Gunji… Si ce film connut un succès certain au Japon à sa sortie, il a fallu attendre 2019 pour le voir distribué en France. C’est donc une rareté.

Pour cette première et unique réalisation, Toshiro Mifune s’entoure de techniciens réputés qu’il a  essentiellement recrutés parmi les habituels collaborateurs de Kurosawa : son scénariste récurrent Ryuzo Kikushima, son directeur de la photographie Takao Saito ou le célèbre musicien Masaru Sato qui signe ici une très envoutante musique originale. Toshiro Mifune s’est lui démultiplié devant et derrière la caméra : outre le premier rôle et la mise en scène, il a également mis la main à la pâte pour aider au montage.

Si le film ne tient pas toutes ses promesses, si la première partie manque parfois de peps -mis à part la séquence de la tempête sur le petit chalutier- , il dégage incontestablement une certaine force malgré un scénario somme toute assez classique du trésor de guerre perdu et qu’une bande veut retrouver à tout prix. Jouant plus sur les affrontements psychologiques que sur les coups de feu, L’Héritage des 500 000 est la description réussie des névroses provoquées par la convoitise humaine. C’est aussi une réflexion, qui a une résonance certaine face à la culture japonais, du rôle de l’individu face au groupe.

Dans ce film inspiré d’un fait authentique – la disparition de l’essentiel des trésors de guerre japonais après 39-45- l’unique film de Toshiro Mifune peut aussi renvoyer à un autre classique du film d’aventure : Le Trésor de la Sierra Madre. Et il sait casser la linéarité d’un récit par des séquences qui marquent les rétines : ainsi avec les plans d’une dizaines de squelettes qui reposent depuis des années dans une grotte.

Jouant sur des retournements de situation propres au film d’aventure, le comédien-réalisateur signe alors un film qui ne manque par d’audace, notamment par la nervosité de son montage. Ce qui permet de mettre encore plus en relief le cheminement moral des cinq hommes réunis dans la jungle pour le même but. Avec, in fine, en fil conducteur, une réflexion sur la mort.

Laisser un commentaire