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LES COULISSES DE L’HISTOIRE, série documentaire d’Olivier Wieviorka et David Korn-Brzoza – 6 X 55 minutes
Diffusion sur Arte, mardi 5 janvier 2021 à 20h50
Mon avis : 4 sur 4
Les Coulisses de l’Histoire repose sur un concept « simple » : porter un regard critique et documenté sur des notions historiques qui sont admises par le plus grand nombre. Et le résultat de ce travail ambitieux, fruit du travail récent d’historiens de tout acabit, est à la hauteur des attentes.
La série débute par un documentaire fort : La Dénazification, mission impossible, signé Michaël Gamrasni. Tout commence par ce 8 mai 1945 où Berlin, dévastée, capitule devant les forces alliés, Hitler se suicidant dans son bunker. Nourri de surprenantes images d’archives, ce doc montre bien comment, passé le procès surmédiatisé de Nuremberg, qui se tient du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946 et symbolise une promesse d’épurer l’Allemagne de l’idéologie nazie, ce rêve va vite devenir un rêve pieux…
De fait, comment pour les Alliés « traiter » les millions d’Allemands qui, de près ou de loin, ont gravité autour du parti d’Hitler, partagé ses idéaux et soutenu bien des crimes ? Et ce n’est pas le certificat de dénazification où il suffit de répondre « non » à 131 questions qui va régler le problème..
Ensuite, il y a l’irruption de la guerre froide qui trouble la donne :
désormais la dénazification passe au second plan des préoccupations, face à la lutte de l’Ouest contre l’Est. Si la RFA a tendance à pratiquer l’omerta, la RDA joue à fond sur le mythe de son rôle antinazi. Et pourtant, dans les coulisses du pouvoir, des deux côtés du rideau de fer, d’anciens partisans du régime ont repris de l’importance et ont fait « oublier » un lourd passé.
L’exemple le plus frappant est celui de Hans Globke, qui supervisa en 1936 les ordonnances sur les critères de la « souillure raciale » et devint pourtant secrétaire d’État du chancelier Konrad Adenauer qui lui, avait été un opposant de Hitler. La découverte du passé plus que sulfureux de Globke conduisit le chancelier à le faire partir en retraite anticipée.
Alors, l’enlèvement par la bande à Baader en septembre 1977 de Hanns-Martin Schleyer, le patron des patrons de la République fédérale d’Allemagne, et son exécution un mois plus tard sont aussi à remettre dans cette perspective car l’homme avait été un membre actif des SS et il symbolisait donc cette génération restée aux manettes malgré les horreurs commises sous le Troisième Reich.
En moins d’une heure, avec un montage nerveux et des commentaires qui vont à l’essentiel, cette nouvelle série est toujours aussi passionnante. La soirée se poursuit par un autre doc sur la fameuse neutralité de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale et qui en fait s’est achetée une tranquillité en accordant au IIIe Reich un prêt à taux zéro. Et le troisième volet montre bien comment, en 1945, Truman a fait une course de vitesse avec Staline pour parvenir à faire céder, en premier, le Japon avec la fameuse bombe lancée sur Hiroshima.
Une série vraiment captivante.
