FRANÇOISE DORLÉAC CHEZ POLANSKI

PATRIMOINE


CUL DE SAC, de Roman Polanski – 1h53

Avec Donald Pleasence, François Dorléac, Lionel Stander

Sortie : novembre 1966

Tourné en noir et blanc, Cul de sac est un film étonnant où Polanski se joue de bien des codes. L’histoire commence comme dans un polar… Richard, gangster en cavale, et son acolyte Albert, qui est mourant, trouvent refuge dans un château irlandais. Richard ne tarde pas à semer le trouble au sein du couple étrange que forment la jeune et belle Teresa et George, un homme plus âgé qui vient de vendre son usine.

Co-écrit  avec Gérard Brach, son complice privilégié – ils signeront ensemble pas moins de neuf longs métrages – Cul-de-sac dépasse, et de loin, le simple film de genre car l’irruption de Richard dans la vie de ces châtelains étranges agit comme un révélateur.

 

Avec un humour souvent noir, Polanski montre bien comment la présence de Richard met à jour les tensions dans le couple, comment  Teresa se rend vite compte de la lâcheté de George qui a fait croire à un passé militaire glorieux. Et dans la scène du travestissement que lui impose comme un jeu Françoise Dorléac ,qui insuffle un joli côté hystérique à son personnage, il est ambiguë à souhait. Sans oublier tous ces plans où l’on sent que Teresa lui est tout, sauf fidèle.


La tension pointe dans bien des séquences du film, et la violence surgit rapidement y compris dans des moments a priori banals comme celui où le gamin des invités se saisit du fusil de chasse. Sans doute, Polanski a t-il tiré partie de l’isolement de l’équipe de tournage pour renforcer le sentiment d’un huit-clos étouffant dans un tel cadre désolé : Cul-de-sac a été tourné en Grande-Bretagne, sur l’île de Lindisfarne dans le comté de Northumberland. Et ce tournage fut fort éprouvant, en raison d’une météo pluvieuse et du tempérament orageux de Lionel Stander qui, grâce à ce film, va retrouver le devant de la scène après avoir été victime du maccarthysme.

Avec  le temps, on ne peut qu’être frappé par la liberté de ton de Polanski qui déjà sait marier l’humour noir au film de gangster des années 40. L’impact du film étant aussi renforcé par une mise en scène qui soigne le moindre détail et ose des cadrages surprenants.

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