PATRIMOINE
FULL METAL JACKET, de Stanley Kubrick – 1h56
Avec Matthew Modine, Arliss Howard, Vincent D’Onofrio
Sortie : octobre 1987
Pour décrire « son » Vietnam, Stanley Kurbrick, toujours aussi méticuleux, voire maniaque sur un tournage, s’est inspiré de deux ouvrages : Le Merdier, le roman de Gustav Hasford et les mémoires de guerre de Michael Herr, intitulées Dispatches.
L’histoire plonge le spectateur au cœur d’un tournant de la guerre du Vietnam. Pendant cette sale guerre, le film raconte la préparation et l’entrainement d’un groupe de jeunes marines, jusqu’au terrible baptême du feu et la sanglante offensive du Tết à Huế, en 1968. En faisant par le titre référence à un type de balle blindée, Kubrick annonce la couleur : il va filmer la guerre au plus près des corps. D’abord, en suivant l’entraînement des jeunes soldats du corps des Marines à Parris Island où l’on sent déjà les fêlures et qui vont conduire au coup de folie de l’un d’eux, Lawrence, surnommé « Grosse baleine » et victime des brimades de l’instructeur, le sergent Hartman. Pour l’anecdote, Lee Ermey fut réellement un sergent instructeur dans sa vie professionnelle.
Loin de la jungle qui a souvent servi de décor aux films sur le Vietnam, Kubrick nous les fait suivre dans ces combats urbains lors de l’offensive du Têt dans un décor de béton qui pourrait symboliser bien d’autres décors de guerre.

Bien des années après Orange mécanique, Kubrick sait exprimer toute la violence d’une situation, et la folie guerrière des hommes. Et lors de la séquence de l’escarmouche avec un tireur d’élite, il filme la rencontre entre les ennemis d’une manière à la limite du soutenable, alternant les éclats de violence et les moments d’un calme oppressant à souhait. Alors quand le sniper est retrouvé, les instincts les plus sauvages ne peuvent que s’exprimer.
Une fois de plus, Kubrick prouve que, dans tous les genres abordés, il impose sa griffe, son sens du cadrage et de la direction d’acteurs : ainsi un Vincent D’Onofrio est aussi émouvant que terrifiant. « Sa » guerre du Vietnam ne ressemble alors à aucune autre.
