Les blessures du Vietnam

PATRIMOINE

 


LES VISITEURS de Elia Kazan – 1h24

Avec James Woods, Patricia Joyce, Patrick Mc Vey

Sortie : 1972

Quand il tourne son antépénultième film avec très peu de moyens, car aucune des grandes compagnies ne veut miser sur lui, Elia Kazan repart à zéro. Lui qui ressent une profonde culpabilité culpabilisant pour s’être adonné à la délation dans les États-Unis d’après-Guerre , signe le  premier film évoquant le bourbier vietnamien. L’histoire a la simplicité des drames…

En plein hiver, Mike Nickerson et Tony Rodriguez se rendent dans une petite villa du Connecticut où vivent Harry Wayne, un écrivain d’âge mûr , sa fille Martha, son fiancé Bill Schmidt et leur jeune enfant. Les deux hommes sont d’anciens compagnons d’armes de Bill, lorsque ce dernier combattait au Vietnam.
Nickerson et Rodriguez ont été jugés et condamnés à deux ans d’emprisonnement pour avoir violé et assassiné une jeune Vietnamienne qu’ils avaient prise pour une espionne. C’est Bill qui les a dénoncés…

En repartant à zéro ou presque, Kazan doit faire avec les moyens du bord : il va utiliser comme décor sa maison de campagne et tourne avec une caméra Super 16, accompagné d’une équipe de quatre techniciens et de bien des acteurs débutants. C’est ce film qui va d’ailleurs révéler James Woods.

Face à un beau-père qui le méprise ouvertement – avec les deux visiteurs, il peut raconter des vieilles histoires de soldats, véritables chiens de guerre – James Woods parvient à faire passer toutes les émotions de cet homme qui refuse de céder à la violence.

Utilisant à merveille le côté granuleux de cette pellicule qui donne un certain cachet aux images, comme s’il s’agissait de vieux documents, Kazan signe un récit noir à souhait où ce huit-clos campagnard sert de cadre à une histoire violente à souhait et qui détourne le thème classique du règlement de compte. Le dernier dialogue exprime un sombre pessimisme sur la nature humaine face à la puissance du mal et des motivations humaines les plus viles.

Enfin, il y a, en toile de fond, l’évocation du Vietnam et des blessures qui marquent la vie américaine avec l’évocation du retour des combattants, à jamais traumatisés par leur passage au front. Même sexagénaire Kazan n’avait rien perdu de sa griffe.

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