PATRIMOINE
LA RIVIÈRE SANS RETOUR, de Otto Preminger et Jean Negulesco – 1h31
Avec Robert Mitchum, Marilyn Monroz et Rory Calhoun.
Sortie novembre 1954
Indéniablement, La Rivière sans retour reste un western de référence. Ce tournage marque les retrouvailles de Mitchum avec Otto Preminger, deux ans après Un si doux visage. Et surtout, il réunit deux sex-symbols les plus importants du moment alors que Marilyn traverse une période de tension avec la 20th Century Fox car son contrat arrivait à terme. L’histoire est celle d’une survie.
En 1875, Matt Calder, un ancien repris de justice veuf, vient chercher Mark, son fils âgé de neuf ans, dans un camp de chercheurs d’or. C’est Kay, une chanteuse de saloon, qui avait pris l’enfant sous son aile. Contraints de fuir les Indiens, l’homme, la jeune femme et le fils se retrouvent à descendre sur un radeau fragile une rivière quelque peu mouvementée.
Paradoxalement, Robert Mitchum est à une période calme de sa carrière et il n’aura pas d’engueulade avec le réalisateur. Ce qui n’est pas le cas entre Preminger et Marilyn Monroe qui suit à la lettre les conseils de sa répétitrice, Natasha Lytess, imposant des techniques de jeu très cérébrales. Mitchum va apaiser les choses en encourageant Marilyn à se laisser aller. Elle dira ensuite que c’est « l’un des hommes les plus intéressants et les plus fascinants que j’ai jamais rencontrée. »
Sur le plateau, les techniciens sont très accaparés par le nouveau format dans lequel le film est tourné : le Cinémascope. Le tournage a connu quelques pépins : un jour, par exemple, un câble s’est rompu alors qu’il reliait le radeau sur lequel se trouvaient les trois acteurs du film et ils furent récupérés in extremis juste avant des chutes dangereuses. Plus ennuyeux, la première version du film ne plait pas à Darryl F. Zanuck qui trouve qu’il ne fonctionne pas auprès du public et que vraie histoire d’amour y fait défaut. C’est Jean Negulesco qui va tourner des séquences nouvelles, notamment celle où Marilyn, victime d’une baignade forcée dans l’eau glacée, est réchauffée, nue dans sa couverture, par un Robert Mitchum prévenant.
Quand le film sort, c’est un succès et il marque le début d’un temps fort de la carrière du comédien. Aussi beau dans les scènes de nature sauvage que dans celles où le réalisateur plonge le spectateur dans le village de tentes des chercheurs d’or (avec le pasteur qui, venant évangéliser les indiens, va changer de paroissiens…) , ce western offre comme clou du spectacle les intermèdes chantés d’une Marilyn sensuelle à souhait.
Un classique, je vous dit…
