SEAN CONNERY : MORT DE L’ESPION LE PLUS CÉLÈBRE

Pour le monde entier, il reste James Bond. L’agent secret 007 au service secret de Sa Majesté d’Angleterre. Le symbole des secrets d’états au temps de la guerre froide. Mais Sir Sean Connery, disparu à l’âge de 90 ans, ne fut pas que l’acteur de cette  saga. Loin de là !

Grand, svelte, musclé : Sean Connery avait l’élégance naturelle qu’il soit vêtu d’un battle-dress ou d’un smoking. Avec son regard assassin des séducteurs invétérés, Sean Connery a immortalisé à jamais le personnage de James Bond auquel il prêta sa silhouette, son humour et le velouté de sa voix grave : il jouera dans sept de ses aventures, de 1962 à 1983. Et pour certains, il fut le « seul » James Bond, tant il marqua le personnage de sa dégaine.

Après avoir passé le relai à George Lazenby d’une unique prestation, Sean Connery était revenu à Bond en 1971 dans Les diamants sont éternels, avant de partir à nouveau, laissant la place à Roger Moore. Lors d’une interview en 1971, il avait déclaré toujours fidèle à son franc parler : « J’ai voulu me retirer après l’avoir joué cinq fois, et je n’ai tourné Les diamants sont éternels que parce qu’il pouvait me rapporter 1 million de dollars pour le Fonds écossais pour l’éducation. » En 1983, pourtant, il était revenu encore à Bond  pour Jamais plus jamais, un épisode non officiel de la saga.

Écossais jusqu’au bout du kilt, Sean Connery a toujours mis sa notoriété au service de la cause de son pays natal, et son autobiographie, paru en 2008, s’intitulait simplement : Être écossais. Né le 25 août 1930 à Edimbourg, capitale de l’Écosse, il fut toujours fier de patrie. Fier au point d’arborer le kilt en toute occasion propice et même lors de son anoblissement par Elizabeth II, en 2000, ce qui provoqua quelques réactions offusquées de  la presse britannique !  Mieux, Sean Connery a conservé  son accent typique, même lorsqu’il jouait un personnage d’une autre nationalité. Alors certes, le cinéma perd son espion le plus célèbre dans le monde entier mais pas que…


Cet enfant d’une famille très pauvre qui a raconté comment il marchait pieds  nus dans la neige pour aller à l’école – sa mère était femme de ménage et son père ouvrier – avait dû batailler dur pour échapper à un milieu qui ne le destinait pas à embrasser une carrière artistique. D’ailleurs, il avait multiplié les petits boulots avant d’avoir la chance de tourner : il fut livreur de lait, maçon, modèle pour l’École des beaux-arts, vendeur de voitures d’occasion, maître-nageur… et même vernisseur de cercueils.

Ayant passé trois ans dans la marine, il aurait pu faire carrière dans le football ou dans le culturisme avant de décrocher des petits rôles de figuration. Et la gloire fut lente à venir. C’est en 1958 qu’il décroche ses premiers vrais rôles, avec Les Criminels de Londres, puis Je pleure mon amour (Another Time, Another Place): il donne alors la réplique à la sculpturale Lana Turner.  Entre temps, Thomas Connery était devenu Sean Connery. Un drôle de prénom ? En réalité, en écossais « Sean » se prononce « Chone » et le héros du western L’Homme des vallées perdues, de Georges Stevens, se prénommait Shane, or l’acteur adorait ce film…

En 1961, le producteur Albert R. Broccoli qui veut adapter les romans à succès que Ian Fleming, ex-recrue des services secrets britanniques, a écrit sur le monde de l’espionnage, trouve son acteur chez Disney ! En regardant Darby O’Gill et les farfadets, un film aujourd’hui tombé aux oubliettes, il découvre son futur 007, maniant la faux, et fredonnant un hymne campagnard. La suite est connue de tous.

Cela dit, après l’arrêt de ses aventures dans le smoking de James Bond, Sean Connery aurait pu devenir l’acteur d’un seul rôle. Il n’en fut rien. Et le plus écossais des acteurs a tourné des films bien différents que ce soit sous la férule d’Alfred Hitchcock – Pas de printemps pour Marnie, en 1964 – que celle d’Edward Dmytryk dans un western, Shalako. Entre autres.

Avec Sidney Lumet, il va tourner par exemple  à cinq reprises, notamment dans The Offence, un opus d’une noirceur profonde en 1972. Il incarne le sergent Johnson, un enquêteur épuisé par les longues années de service sur les traces d’un violeur de petites filles : à contre-emploi, Sean Connery signe une performance qui fait froid dans le dos. Interdit dans plusieurs pays, le film n’est sorti sur les écrans français qu’en 2007, c’est dire !

Alors, et même s’il a déclaré  « Il est presque impossible de tenter d’effacer l’image de Bond »,  Sean Connery a réussi à changer de registre, que ce soit dans l’adaptation du classique de Kipling, L’homme qui voulut être roi, de John Huston ou dans Le Nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud, qui lui a valu son seul Oscar, celui du meilleur acteur dans un second rôle. Il sera accompagné en 1987. d’un Golden Globe, pour sa prestation impeccable dans  Les Incorruptibles.

Laissons le mot de la fin à cet acteur au long cours qui déclarait : « Je ne sais pas si je montre plus mon côté intellectuel ou mes muscles sur les écrans, mais j’aimerais croire que c’est l’élément humain que j’essaie de faire passer qui touche le public. »

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