LA GRIFFE ANTONIONI

L’AVVENTURA, de Michelangelo Antonioni – 2h20

Avec Gabriele Ferzetti, Monica Vitti, Léa Massarie

Sortie : 14 septembre 1960. Reprise : 28 octobre 2020

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Anna, jeune mondaine romaine, n’est plus vraiment certaine d’aimer Sandro, son indélicat amant architecte. Pourtant, elle embarque avec lui pour une balade en yacht en compagnie de sa bande d’amis, parmi lesquels la fidèle Claudia. Au moment de repartir de l’île sur laquelle ils ont passé la journée, Anna manque à l’appel. Claudia et Sandro partent à sa recherche. Débute entre eux une histoire d’amour marquée par la brutalité du vide laissé par la disparition d’Anna…

Et alors ?

Avec le temps, certains films prennent un coup de vieux et certains opus d’Antonioni ne dérogent pas à la règle et semble dater. Rien de tel avec L’Avventura, un film certes long mais dans lequel la griffe du cinéaste est déjà bien présente, notamment par les longs plans-séquences qui vont devenir sa marque de fabrique. Lors de sa présentation au Festival de Cannes, le film reçut d’ailleurs un accueil des plus houleux car il décontenança le public. Présidé par Georges Simenon, le jury cannois ne s’y trompa pas et lui  décerna le  prix du Jury « pour sa contribution remarquable à la recherche d’un nouveau langage cinématographique. » Il est vrai, dans l’utilisation du noir et balnc, sur le bateau notamment dès l’ouverture du film, Antonioni sait installer un climat, capter les tensions entre les personnages à travers tous les non-dits.


Au cœur du récit, il y a la magnifique Monica Vitti, muse d’un cinéaste avec lequel elle va tourner quatre autres films, et qui est capable de passer d’une émotion pure à une vraie indifférence.

Film d’une époque, de cette Italie des années 60, et d’un cinéma italien en plein essor, cette Avventura est certes du cinéma qui prend son temps ), mais qui fait passer une atmosphère oppressante et témoigne d’un regard désenchanté en décrivant la vie de ces vacanciers qui sont désœuvrés et sont tous issus de la bonne société italienne.

L’histoire peut dérouter, dater un peu, en revanche, elle garde toute son audace. Et la photographie signée Aldo Scavarda est absolument magique. Quatre ans plus tard, il retrouvera le cinéaste dans Prima della rivoluzione.

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