UNA PROMESA, de Gianluca & Massimiliano Di Serio – 1h44
Avec Salvatore Esposito, Samuele Carrino, Lica Lanera
Sortie : mercredi 14 octobre 2020
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Sous un soleil de plomb, au sud de l’Italie, Angela part avec d’autres travailleurs clandestins dans les champs, d’où elle ne reviendra pas. Face à cette disparition tragique et mystérieuse, lancés dans une quête de vérité, son mari Giuseppe fait la promesse à leur fils Antò de lui rendre sa mère.
Et alors ?
L’événement central du film s’inspire d’un fait divers datant de l’été 2015 : la mort sur son lieu de travail de la journalière, originaire des Pouilles, Paola Clemente. Pour les cinéastes jumeaux, cette mort tragique faisait écho à la mort avec la disparition de leur propre grand-mère paternelle, morte dans ces mêmes champs en 1958. Ils soulignent : « Le temps semble ne pas être passé et les conditions de vie des travailleurs, elles non plus, n’ont pas changées. Notre grand-mère était une journalière qui travaillait “sous patron”. Elle était entre les mains des caporaux et victime d’une exploitation du travail sans dignité ni respect des droits. Plus de cinquante ans après, nous découvrons que non seulement la situation n’a pas changé, mais qu’elle a empiré. La nouvelle de la mort de Paola Clemente a fait naître en nous le désir d’enquêter sur la réalité invisible de milliers de travailleurs, en majorité des immigrés saisonniers, mais aussi de nombreux italiens appauvris et de tant de femmes comme Paola. »
De séquence en séquence, les frères Di Serio retournent le couteau dans la plaie en montrant les conditions de vie de ces travailleurs journaliers, traités comme des esclaves et dont on efface la vie, quand l’accident survient, comme s’il s’agissait d’anonymes qui ne méritent pas de vivre. Entre réalité et onirisme, les frères savent capter la cruauté de la situation comme dans la séquence où une femme mure dépèce un animal devant un vieillard qui lui demande ensuite de se déshabiller quand il la lave avec un tuyau d’arrosage, la regardant d’un regard fiévreux.
Très bien joué – vu dans Gomorra,Salvatore Esposito est excellent – , ce drame ne manque pas de force dans toute la première partie qui fleure bon le néo-réalisme politique. Cela se gâte un peu dans la crise finale où Giuseppe semble aspiré par une spirale de haine. Dans la droite ligné du cinéma de Reygadas, le film plonge alors dans une violence gratuite et la portée politique et sociale du scénario y perd de sa force.
