DES FEMMES EN CRISE

Monika Naydenova

SISTER, de Svetla Tsotsorkova – 1h37

Avec Monika Naydenova, Svetlana Yancheva, Elena Zamyarkova

Sortie : mercredi 7 octobre 2020

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Rayna est une jeune fille au tempérament explosif et au visage d’ange. Avec sa mère et sa sœur, elles tentent de survivre en fabriquant des figurines qu’elles vendent aux touristes sur le bord de la route de leur village bulgare. Pour échapper à l’ennui de son existence, Rayna invente souvent des histoires. Mais ce jeu au début amusant finit par menacer le fragile équilibre de sa famille.

Ce qui touche dans le film ?

Réalisatrice, productrice et actrice, Svetla Tsotsorkova signe avec ce deuxième long métrage un drame familial fort et original où, à travers le portrait de cette jeune fille, elle décrit un microcosme familial où les tensions entre une mère et ses deux filles servent de fil conducteur au récit.

Campée avec une rare justesse par Monika Naydenova – dont le visage enfantin peut soudain exprimer une dureté, une grande violence – Rayna s’ennuie ferme dans son village qui vit en vendant des figurines de terre-cuite aux touristes bulgares de passage. La cinéaste souligne : « J’ai tourné ce film dans le village où j’ai une maison. La terre y est imprégnée d’argile, ce qui constitue une importante ressource économique pour les habitants. La poterie y est affaire de famille, chaque maison la pratique. Beaucoup de personnes encore aujourd’hui extraient l’argile dans l’arrière-cour de leur maison. Nous souhaitions un personnage tourné ainsi vers la terre, incapable de lever les yeux, profondément inquiet pour sa survie, pétri et consumé par le travail et les soucis. »

Sister de Svetla Tsotsorkova –

Tout l’univers de ce bled semble aussi fragile que ces figurines figées et attendant un acquéreur. La séquence de ventes où la jeune fille débite ces bobards rythment habilement une mise en scène déliée. Seule la violence des actes – la tabassage du copain de la sœur par exemple, le moment où la sœur s’enferme dans l’atelier pour en briser les fenêtres –

et la violence verbale – les dialogues sont souvent crus – laissent apercevoir les blessures profondes des différents personnages. Et l’irruption à l’hôpital montre comment les individus sont souvent laissés à eux-mêmes dans un univers sans âme de cette Bulgarie profonde.

Captant au plus près les dysfonctionnement du noyau familial et de ces trois femmes laissées à elle-même, Sister est une chronique familiale d’une grande justesse psychologique. Après avoir tourné à 13 ans dansThirst, le premier film de Svetla Tsotsorkova, Monika Naydenova prouve qu’elle a tout d’une future grande.

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