L’ORDRE MORAL, de Mario Barroso – 1h41
Avec Maria de Medeiros, Marcello Urgeghe, João Pedro Mamede
Sortie : mercredi 30 novembre 2020
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
En 1918, Maria Adelaide Coelho da Cunha, héritière et propriétaire du journal Diário de Notícias, abandonne le luxe social et culturel familial dans lequel elle vit, pour s’enfuir avec un insignifiant chauffeur de 22 ans plus jeune qu’elle. Les conséquences de cette décision vont être douloureuses et moralement dévastatrices.
Pourquoi découvrir ce film ?
Pour raconter l’histoire de Maria Adelaide Coelho da Cunha (photo ci-contre), enfermée dans un asile sur décision de son époux, le réalisateur Mario Barroso a nourri son scénario de souvenirs d’un de ses oncles qui vivait
dans sa rue et qu’il appelait l’oncle-colonel car il était sous-directeur du Diário de Notícias dans les années 50. « J’étais enfant et je le trouvais très drôle, parce qu’il nous racontait beaucoup d’histoires, et toujours avec beaucoup d’humour (il écrivait aussi du théâtre de revue). J’avais environ dix, onze ans, quand il m’a raconté l’histoire de l’ancienne propriétaire du journal, qui s’était enfuie avec son chauffeur. Une femme riche qui, à presque 50 ans, décide de s’enfuir avec un chauffeur beaucoup plus jeune, c’était une chose inhabituelle, et je me souviens l’avoir trouvée très courageuse. » Et il a écrit ce rôle pour Maria de Meideros, une comédienne avec laquelle il souhaitait tourner depuis des lustres.
Porté par un casting convaincant, avec une mise en scène certes classique mais où le moindre détail du décor -notamment la maison Veva de Lima, un cadre magnifique, où étaient organisées des soirées littéraires très populaires à Lisbonne dans les années 20 et 30 – est soigné, Mario Barroso nous fait découvrir le destin émouvant de cette femme libre et artiste, confronté au monde oppressant des hommes et à une société aussi hypocrite que pleine de conventions.
Quant à Maria de Medeiros, elle signe ici une grande composition montrant que, derrière son physique frêle et ses airs rêveurs, cette femme fut une grande féministe, assumant ses choix même si elle en paya le prix fort. Commentaires du cinéaste : « Outre son énorme talent, elle possède une beauté étrange, exotique et différente de la beauté traditionnelle. À commencer par l’expression de son visage. J’avais décidé que je ne voulais pas vraiment raconter cette histoire sous l’angle d’un d’amour torturé, d’une grande passion. Ce qui m’a fasciné, c’est cette femme pleine de force, qui s’est battue et a gagné, qui a eu le courage d’abandonner une famille, le confort matériel, et de partir. En fait, c’était une femme libre qui a tout donné pour vivre son désir de vivre sa liberté. »
En tout état de cause, L’Ordre moral redonne vie à une femme qui était injustement tombée dans l’oubli. Et qui refusa de se laisser soumettre dans une société machiste.
