LA VIOLENCE EST-ELLE SOLUBLE DANS LA DÉMOCRATIE ?

UN PAYS QUI SE TIENT SAGE, de David Dufresne – 1h26

Documentaire

Sortie : mercredi 30 septembre 2020

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Alors que s’accroissent la colère et le mécontentement devant les injustices sociales, de nombreuses manifestations citoyennes sont l’objet d’une répression de plus en plus violente. « Un pays qui se tient sage » invite des citoyens à approfondir, interroger et confronter leurs points de vue sur l’ordre social et la légitimité de l’usage de la violence par l’État.

Ce qui touche dans ce film ?

Nous sommes tellement abreuvés d’images, depuis l’essor des réseaux sociaux, que l’on ne peut qu’être intéressé par un doc qui évoque, à travers le phénomène des lanceurs d’alerte, les violences qui ont traversé la France durant le mouvement des gilets jaunes prend une résonance particulière. Car, David Dufresne a eu une ambition : donner du sens, décortiquer et analyser toutes les images, notamment celles brutes captées par les manifestants.

Commentaires du cinéaste : « J’ai été avec d’autres, l’un des artisans de la viralité de ces images via mes signalements, « Allo, place Beauvau. » Mon travail a été repris par l’ONU, le Parlement européen, le Conseil européen. Ces images, je les ai archivées, compilées, en en vérifiant l’authenticité, d’abord sans imaginer le moins du monde que j’en ferais un film, mais en conservant les contacts de leurs auteurs. »

En montrant aussi l’intégralité d’une séquence que l’on vit coupée à la télévision – celle des motards mis à terre par les manifestants parisiens et dont l’un dégaine son pistolet notamment – David Dufresne signe sur grand écran un document direct, engagé, mais en donnant la parole aussi bien aux manifestants qu’aux membres des forces de l’ordre, du moins ceux qui ont bien voulu s’exprimer et qui le font sans langue de bois. On mesure d’ailleurs au générique combien la hiérarchie a esquivé le débat.

S’articulant autour de phrase célèbre de Max Weber du moins dans sa version médiatique, « l’état détient le monopole de la violence légitime », ce documentaire passionnant de bout en bout, est une critique sans appel de la doctrine en vogue du maintien de ordre tout en offrant aux forces de l’ordre la liberté de nuancer le point de vue. Ainsi le film ne peut que susciter un débat salutaire. Au passage, le cinéaste donne la version complète de la phrase de Weber : « L’état revendique pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime. »

Quand on voit comme un ministre de l’Intérieur indique de façon plus que sommaire des zones du corps où les tirs de LBD 40 est « licites », cela fait quand même réfléchir sur le cautionnement de certaines violences sans pour autant absoudre certains débordements de groupuscule attaquant les distributeurs de carte de crédit avec une fraiseuse…

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