LA FEMME QUI S’EST ENFUIE, de Hong Sang-Soo – 1h17
Avec Kim Min-Hee, Seo Young-hwa
Sortie : mercredi 30 septembre 2020
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Pendant que son mari est en voyage d’affaires, Gamhee rend visite à trois de ses anciennes amies. A trois reprises, un homme surgit de manière inattendue et interrompt le fil tranquille de leurs conversations…
Ce qui touche dans ce film ?
Sur des petits riens de la vie – ici, la visite d’une jeune femme à ses amies avec l’évocation des incidents les plus banals de la vie – Hong Sang-Soo a décroché le Lion d’argent au Festival de Venise avec ces trois histoires sur des femmes qui se retrouvent. Or, chaque fois que l’homme paraît, cela vient déranger l’harmonie régnant dans ces échanges a priori banals (des souvenirs amoureux; le choix d’une robe, la nourriture…)
Alors féministe, ce film ? Le cinéaste répond : « Je ne sais pas si c’est un film féminin. J’ai taché d’être le plus fidèle possible à la matière dont je disposais. En faisant certains choix tels que ceux dont vous parlez, j’avais conscience que certaines personnes verraient les choses de cette manière. Mais j’ai décidé de ne pas trop m’en soucier car je savais que mes motivations étaient ailleurs ».
Jouant sur la présence d’animaux (poules, chats…) qui sont une sorte de métaphore, parfois un brin répétitive, du rapport homme-femme, Hong Sang-Soo mise sur des dialogues qui semblent presque improvisés, tant les actrices font montre d’un grand naturel. Il évoque pourtant sa manière de tourner en ces termes : « Je prépare les scènes de conversation toujours de la même manière. Je parle avec les acteurs et me familiarise avec les lieux pendant un mois ou moins et je décide de ce que sera le début du film environ deux jours avant le premier jour de tournage. Puis, le premier jour de tournage arrive, et le jour suivant je tourne dans la continuité de ce que j’ai tourné la veille. Quand je tourne, je me réveille vers 4 heures du matin, et j’écris pendant 4 à 6 heures les dialogues de la journée. »

Utilisant le principe de la mise en abime – on retrouve le personnage de Kim Minhee visionnant des images d’un ancien film du cinéaste, Woman on the beach– utilisant, en point d’orgue, le cadre des fenêtres pour capter la beauté des paysages comme s’il s’agissait de tableaux, le cinéaste signe in fine une réflexion indirecte sur l’art de filmer.
