LE THÉ, UNE LEÇON DE VIE

DANS UN JARDIN QU’ON DIRAIT ÉTERNEL, de Tatsushi Omori – 1h40

Avec Haru Kuroki, Kirin Kiki, Mikabo Tabe

Sortie : mercredi 26 août 2020

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Dans une maison traditionnelle à Yokohama, Noriko et sa cousine Michiko s’initient à la cérémonie du thé. D’abord concentrée sur sa carrière dans l’édition, Noriko se laisse finalement séduire par les gestes ancestraux de Madame Takeda, son exigeante professeure. Au fil du temps, elle découvre la saveur de l’instant présent, prend conscience du rythme des saisons et change peu à peu son regard sur l’existence. Michiko, elle, décide de suivre un tout autre chemin.

Et alors ?

Pour un occidental, ce film a des allures d’OVNI avec cette découverte d’une cérémonie du thé qui tient lieu d’un rituel d’un raffinement absolu. Et du rôle essentiel de la femme dans ladite cérémonie. Tatsuhi Omori souligne : « C’est l’histoire d’une femme qui, grâce à l’art du thé, découvre et touche à quelque chose d’inestimable non pas des pierres précieuses brillantes mais ce qui était caché au fond d’elle depuis toujours. » On découvre l’art ancestral pour faire le matcha, ce thé vert japonais en poudre et dont la fabrication aurait été mise au point au XVIIIème siècle à Uji, dans le département de Kyoto.

Une telle construction cinématographique a de quoi détourner certains spectateurs tant le cinéaste laisse du temps au temps pour nous faire mesurer la complexité de ce cérémonial. Et Tatsuhi Omori  nous fait bien ressentir le côté presque angoissant de cette fabrication en alternant les séquences d’intérieur d’une majestueuse lenteur- où la pliure d’une simple serviette relève du grand art- et celle où l’on suit le rythme des saisons dans un silence propice à la méditation. Et où les bruits de la ville semblent si loin.

Ce qui est aussi étonnant c’est de savoir que les trois actrices étaient novices en art du thé et l’on ne peut qu’être stupéfié par leur maîtrise de cette savante fabrication. « Pour que le spectateur puisse sentir qu’elles progressent, il fallait que ces scènes soient réalistes. Les actrices ont répondu à mon attente de façon majestueuse. J’imagine que c’était dur pour elles, mais elles étaient formidables », dit le réalisateur.

Et l’on retrouve, non sans plaisir, l’actrice Kirin Kiki, la muse de Hirokazu Kore-eda, une icône du cinéma japonais, qui nous a quittés en septembre 2018. Elle signe ici une composition où elle est aussi crédible que rayonnante.

Dans un jardin qu’on dirait éternel est un film poétique et presque philosophique qui décrit la fabrication du thé comme un acte culturel et ancestral servant de colonne vertébrale à une discipline de vie.

 

Laisser un commentaire