VOIR LE JOUR, de Marion Laine – 1h31
Avec Sandrine Bonnaire, Brigitte Rouän, Aure Atika
Sortie : mercredi 12 août 2020
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Jeanne travaille comme auxiliaire dans une maternité de Marseille. Nuit et jour, Jeanne et ses collègues se battent pour défendre les mères et leurs bébés face au manque d’effectif et à la pression permanente de leur direction. Jeanne vit avec Zoé, sa fille de 18 ans, qu’elle élève seule. Lorsqu’un drame survient à la maternité et que Zoé part étudier à Paris, le passé secret de Jeanne resurgit soudain et la pousse à affirmer ses choix de vie.
3 raisons d’y aller ?
Une adaptation réussie. En s’attaquant au roman Chambre 2, de Julie Bonnie – elle fut auxiliaire après avoir débuté comme chanteuse – Marion Laine s’est éloignée du livre pour en tirer le portrait d’une femme debout et dont le sourire illumine cette tranche de vie pas vraiment légère. Commentaires de la cinéaste : « Au fur et à mesure de l’écriture s’est donc imposée l’idée d’une femme qui se bat pour se reconstruire, trouver un sens à sa vie. Et le défi était d’accéder à cet épanouissement sans passer par la traditionnelle histoire d’amour. » Jouant à l’image sur le contraste lumineux entre le service de maternité et l’appartement filmé en clair-obscur de Jeanne, Mario Laine montre bien que ce lieu de vie n’est qu’un lieu de passage. Comme si, pour Jeanne, et malgré l’affection de sa fille, sa vie était concentrée dans cette maternité.
La description du quotidien de ces femmes en blanc. Tourné avant la prise du conscience, à la suite de la crise du Covid-19, cette comédie dramatique montre bien le quotidien de ces femmes qui luttent contre l’adversité, les réductions de budget et quelques imbéciles qui manifestent avec des slogans grossiers contre le droit à l’avortement.
Un casting du tonnerre. Bien sûr, il y a Sandrine Bonnaire, capable de passer d’un rôle à l’autre, avec la même charge émotionnelle et qui joue toujours juste, sans jamais en faire trop (elle a déjà tourné avec elle à deux reprises au cinéma et à la télévision). Et quand, retour en arrière oblige, elle se retrouve en chanteuse d’un groupe de rock,Sandrine Bonnaire parvient encore à être tout à fait crédible et touchante.
En jeune stagiaire qui fait de prime abord un peu tache dans ce milieu médical, Kenze Fortas confirme son potentiel (on se souvient de sa prestation étonnante dans Shéhérazade). Quant à Aure Atika et Brigitte Roüan, elles complètent avec bonheur une distribution qui ne connaît pas de fausses notes.
Une tranche de vie émouvante et de très beaux portraits de femmes.
