Cet été si particulier sous tous les plans voit, au cinéma, le retour de quelques productions marquantes. A ce titre, La Haine, de Mathieu Kassovitz (1995), qui est reprogrammé le 5 août, a marqué les mémoires cinématographiques.
Interdit au moins de 12 ans à sa sortie, La Haine, de Mathieu Kassovitz a été l’un des premiers films à évoquer la violence des banlieues en France de façon aussi frontale. Souvenez-vous
de l’histoire… Abdel Ichah, seize ans est entre la vie et la mort, passé à tabac par un inspecteur de police lors d’un interrogatoire. Une émeute oppose les jeunes d’une cité HLM aux forces de l’ordre. Pour trois d’entre eux, ces heures vont marquer un tournant dans leur vie…
Sorti en noir et blanc dans une mise en scène nerveuse et brillante, le film fit soudain connaître une nouvelle génération au cinéma. En premier chef, son réalisateur, Mathieu Kassovitz, et les trois acteurs principaux, Vincent Cassel, Hubert Koundé et Saïd Taghmaoui, dont deux ont fait, depuis, une belle carrière en France comme à l’étranger.Pour son deuxième film, Mathieu Kassovitz signe une œuvre qui va marquer toute une génération par la violence de ses propos, l’humour au couteau de certains dialogues, la manière de montrer le quotidien des cités. Avec l’opposition entre les images précises et ciselées de la banlieue et celles d’un Paris où le trio semble perdu dans un cadre où ils ne semblent pas « à leur place ».
Une des idées fortes du réalisateur est d’avoir, au montage, transformé un film initialement en couleur en noir et blanc ce qui donne un côté plus abrasif, plus documentaire à l’opus final. Par le jeu des plans séquences, de travellings aériens, le réalisateur nous fait vivre au plus près les péripéties vécues par ce trio, formé d’un juif, d’un noir et d’un beur lors d’une journée type.
De manière prémonitoire, La Haine décrit un climat social qui est prêt à exploser
et les émeutes de 2005 en apporteront la preuve, sans parler de séquences plus « récentes ». Deux ans plus tard, sortait, peut-être de manière plus confidentielle, un autre film-choc qui décrivait les mêmes tensions : Ma 6-T va crack-er, de Jean-Francois Richet.
En tout cas, La Haine a marqué son époque et la critique. Récompensé par le Prix de la mise en scène lors du 48ème Festival de Cannes, le film a remporté trois Césars, dont celui du Meilleur film . Depuis, on sait quel chemin a parcouru Mathieu Kassovitz derrière et devant la caméra où son talent de comédien ne suscite aucune discussion.
