ABOU LEILA, DE Amin Sidi-Boumedine – 2h15
Avec Slimane Benouari, Lyes Salem, Meriem Medikane
Sortie : mercredi 15 juilet 2020
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Algérie, 1994. S. et Lotfi, deux amis d’enfance, traversent le désert à la recherche d’Abou Leila, un dangereux terroriste. La poursuite semble absurde, le Sahara n’ayant pas encore été touché par la vague d’attentats. Mais S., dont la santé mentale est vacillante, est convaincu d’y trouver Abou Leila. Lotfi, lui, n’a qu’une idée en tête : éloigner S. de la capitale. Pourtant, c’est en s’enfonçant dans le désert qu’ils vont se confronter à leur propre violence.
Et alors ?
Pour expliquer sa démarche, Amin Sidi-Boumedine souligne : « La guerre civile algérienne des
années 1990 a fait des milliers de victimes et a durablement traumatisé le peuple algérien. Les explications qu’on a tenté de trouver à un tel déchainement de haine sont nombreuses, chaque camp accusant l’autre d’être à l’origine du sang versé. Pour ceux qui, comme moi, ont vécu ces évènements alors qu’ils entraient dans l’adolescence, ces années sont d’abord affaire de sentiments : ceux de la peur, l’angoisse, et l’incompréhension face à un conflit dont on détient pas les clés mais dont on nous sert à chaque repas les images atroces qu’il produit, avec l’impression parfois inconsciente de n’avoir aucun pouvoir sur le cours des évènements. »
L’habileté de son scénario consiste à brouiller les pistes après une séquence d’attentat en ouverture. À partir de là, la longue errance de S. et Lofti à travers le Sahara devient prétexte à une description d’une Algérie laissée à elle-même où, par petites touches, on sent un pays à la dérive et victime de bien des corruptions. Et l’on découvre les dessous de l’affaire.Dans ce décor de western, les déambulations du duo, aussi fragile qu’énigmatique, ne peut qu’interroger le spectateur intrigué par un tel univers dont le réalisme peut masquer bien des mystères. Dans ces moments, le réalisateur peut, par petites touches graduelles, nous faire ressentir l’accablement des personnages, leur sueur, leur mélancolie de vivre…
Là où le film s’ensable un peu, c’est dans l’incursion de séquences oniriques qui semblent un brin plaquées sur le récit. Petit à petit, on perd alors le fil de l’histoire malgré le jeu solide des deux comédiens principaux et cette quête, devenant trop longue, la description de l’Algérie durant les années noires perd un peu d’intensité.
