Il avait tellement signé de grandes musiques de films qu’on le croyait presque immortel : Ennio Morricone est mort à l’âge de 91 ans. Toute une vie dédiée à l’univers du grand écran.
Compositeur, producteur et chef d’orchestre, Ennio Morricone a écrit tant de musiques de films que l’on ne sait pas par où commencer à lui rendre hommage. Indéniablement, c’est le son de l’harmonica qui revient en mémoire, cette vibration mélancolique de Il était une fois dans l’Ouest qui annonce des explosions de violence. C’est avec Sergio Leone qu’il a commencé à se faire un nom au cinéma, dès la partition de Pour une poignée de dollars.
Mais il a aussi signé des musiques originales pour Bernardo Bertolucci, Pier Paolo Pasolini, Dario Argento ou Marco Bellocchio. Le diplômé de l’Académie nationale de Sainte-Cécile de Rome, élève de Goffredo Petrassi, où il avait obtenu un diplôme de trompette en 1946 a, en quelques années, brûlé les étapes après avoir composé de nombreux arrangements pour la télévision et des chansons. Il fut notamment l’auteur d’un classique de la chanson italienne : Dedicato A Milva Da Ennio Morricone, en 1968.
Mêlant nervosité et lyrisme, son style, reconnaissable entre tous, est éclectique en diable et Morricone pouvait faire surgir tel instrument oublié dans ses compositions et mêler guitares électriques, sifflements et guimbardes… En 2015, il avait remporté pour la première fois un Oscar (après six nominations) pour la musique du film de Quentin Tarantino, Les Huit Salopards.
Le cinéma ne doit pas être la forêt qui cache le reste et Ennio Morricone composa aussi des pièces de musique de chambre et pour orchestre, tel le Concerto pour flûte et violoncelle en 1983 ou La Cantate pour l’Europe en 1988. Depuis les début des années 2 000 où il avait ralenti son travail cinématographique, il avait renoué avec la direction d’orchestre et fait des tournées dans l’Europe entière.
Pour évoquer sa carrière, il déclarait au Figaro pourquoi le cinéma avait été si marquant dans sa carrière : «Le fait d’avoir pu composer de la musique en toute liberté, et de façon si différente, a été rendu possible non seulement parce que je pouvais compter sur la technologie, mais aussi parce qu’il était indispensable que je change de style à chaque composition. Chaque film l’exigeait». Un vrai maestro à l’état pur.
