JUMBO, de Zoé Wittock, 1h33
avec Noémie Merlant, Emmanuelle Bercot, Bastien Bouillon
Sortie : mercredi 1er juillet 2020
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Jeanne, une jeune femme timide, travaille comme gardienne de nuit dans un parc d’attraction. Elle vit une relation fusionnelle avec sa mère, l’extravertie Margarette. Alors qu’aucun homme n’arrive à trouver sa place au sein du duo que tout oppose, Jeanne développe d’étranges sentiments envers Jumbo, l’attraction phare du parc.
Et alors ?
L’idée de départ – l’attirance amoureuse entre une jeune fille solitaire et qui a honte de sa mère avec l’attraction du parc où elle bosse – ne manque pas d’originalité et Zoé Wittock sait tirer parti de la situation aussi saugrenue que scabreuse. La force du film tient à l’affrontement entre la fille et la mère, deux personnages très bien campés par Emmanuelle Bercot et Noémie Merlant. Emmanuelle Bercot s’en donne à cœur joie dans le rôle de Margarette qui cache son mal de vivre et sa solitude derrière une extravagance.Quant à Noémie Merlant, elle confirme la justesse et la finesse de son jeu et parvient à insuffler au personnage de Jeanne un mélange de fragilité et de force. Y compris dans les scènes où ses rêves tournent au cauchemar. Il est vrai, depuis Le Portrait de la jeune fille en feu, de Céline Sciamma, on sait la capacité de la jeune comédienne à se glisser dans les univers les plus complexes sans jamais forcer le trait et en étant capable de faire passer bien des émotions.
Indéniablement, la Belge Zoé Wittock a de l’imagination et son film sait créer un climat oppressant à souhait comme si la folie s’emparait des personnages. « On est sur un film d’auteur à la limite du fantastique et j’ai joué sur le mélange des genres », dit la cinéaste. Et elle ajoute évoquant ces deux actrices principales : « J’ai travaillé avec Emmanuelle Bercot et Noémie Merlant, deux actrices
extrêmement généreuses, qui n’hésitent pas à tenter des choses sur le plateau. Elles ont été un énorme soutien pour moi, car c’est mon premier film. »
Sur le plan de la réalisation, Zoé Wittock parvient par le travail sur les images à « donner vie » à cette attraction qui, dans la nuit, semble parfois sortie de 2001, l’odyssée de l’espace. Dans la solitude du parc redevenu silencieux quand le soleil tombe, les errances de Jeanne ne peuvent alors que prendre un tour étrange, inquiétant.
On peut trouver que le scénario manque parfois un peu de rebondissement, mais il offre un climat tout à fait original et il touche notamment dans la description des relations plus que tendues, mais aimantes, entre une mère et sa fille. C’est dans les scènes oniriques ou cauchemardesques que la réalisatrice nous perd un peu.
