LE DESTIN TRAGIQUE D’UN REBELLE

JEUNESSE SAUVAGE, de Frédéric Carpentier – 1h20

Avec Pablo Cobo, Darren Muselet

Sortie : mercredi 24 juin 2020

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Raphaël, le chef d’une bande de jeunes voleurs de rues, voit son autorité menacée par Kevin, son fidèle lieutenant. Pour garder le pouvoir, il doit affronter la trahison et un univers de plus en plus violent, où les armes remplacent les poings.

Et alors ?

À travers le portrait de Raphaël et de sa bande, à travers les relations qu’il a avec son père, un ancien docker devenu clochard, Frédéric Carpentier montre bien comment cette jeunesse violente n’est que l’expression de la violence sociale. Face à une société qui a mis la consommation sur un autel, ces jeunes déclassés ne voient comme solution que celle du pillage personnel. Le réalisateur commente : « Par leur parcours, il leur est difficile de revenir à une vie « normale », de connaître une rémission. Dans une autre situation sociale, leur métissage, leur allant, leur connaissance du monde auraient pu être une chance. Seulement voilà, la société d’aujourd’hui est plus âpre et toujours plus cloisonnée. »

 

Outre une mise en scène rythmée et nerveuse qui met bien à profit le décor encore un peu industriel et portuaire de Sète et met en évidence l’urgence des situations, ce film est une vraie réussite sur le plan du casting qui mêle professionnels et amateurs : d’un ancien prédicateur à de vrais SDF en passant par un charpentier. Frédéric Carpentier poursuit : « Avec François Guignard, le directeur de casting, nous avons fait un partenariat avec le Ministère de la Justice et la Police Judiciaire Jeunesse qui a nous a permis d’aller en Centres éducatifs fermés et de pouvoir rencontrer des jeunes qui ont eu un passé difficile. »

Outre Jérôme, très touchant dans le rôle de ce père qui se bat pour ne pas plonger complètement et veut conserver un semblant de dignité, on ne peut qu’être étonné par la performance de Pablo Cobo, qui sait exprimer rapidement une grande palette d’émotions différentes. Et qui devient, au fil du récit, le père de ce père trop souvent absent.

Un film âpre, dur et cruel. Comme la société actuelle…

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