FILMER LA FIN DE VIE ?

MADAME FANG de Wang Bing – 1h26

Documentaire

Sortie VOD : juin 2020 et DVD(*)

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Veuve depuis plusieurs années, Fang Xiuying, 68 ans, est née à Huzhou, dans la région du Fujian où elle travaillait comme ouvrière agricole. Elle a souffert les dernières années de sa vie de la maladie d’Alzheimer. Après avoir été hospitalisée en 2015, elle a été renvoyée chez elle pour y mourir, entourée de sa famille.

Et alors ?

Il y a loin de la belle photo d’une vieille dame à la chevelure argentée et à l’allure altière au plan qui saisit Madame Fang en fin de vie dans le lit où sa famille entoure ses derniers instants tout en vaquant à ses activités quotidiennes. De fait, l’essentiel de ce documentaire se passe au chevet de cette femme qui ne réagit presque plus et glisse doucement vers la mort. Auprès d’elle, sa famille mais pas l’ombre du moindre médecin, ce qui ne peut qu’étonner le spectateur occidental.

Tout comme le bruit qui entoure la couche de l’agonisante, entre les récits du quotidien  – une vie qui va au rythme de la pêche -et les éclats du poste de télévision. Et il y a aussi des interrogations pas toujours compréhensibles sur l’absence d’un petit-fils que tout le monde semble attendre.

Le principal intérêt de ce documentaire, c’est que le cinéaste nous fait partager l’attitude de chinois face à la mort. Par ailleurs, on peut ressentir un légitime malaise devant la manière dont la caméra saisit en gros plan ce visage souvent inexpressif promis à la mort. Et là, le spectacle peut sembler un peu interminable et gratuit. Et l’on peut parfois s’étonner d’être placé dans le rôle du voyeur pre-mortem…

Pour autant, Madame Wang a séduit le public de Locarno qui lui accorda en 2017 son Léopard d’or. Sans doute parce que la peur de la mort est universelle.

(*) Potemkine

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