LE VIETNAM DE SPIKE LEE

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DA 5 BLOODS, de Spike Lee – 2h35

Avec Delory Lindo, Veronica Ngo, Jonathan Majors, Jean Reno, Mélanie Thierry

Sortie : sur Netflix, depuis le 12 juin 2020

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

L’histoire de quatre vétérans afro-américains qui retournent au Vietnam pour y retrouver la dépouille de leur chef et un hypothétique trésor de lingots d’or qu’ils ont enfouis après avoir été pris dans une escarmouche au cœur de la jungle.

Et alors ?

Spike Lee ne fait jamais dans le tiède et, quand il s’attaque à un thème « cher » au cinéma américain – le bourbier du Vietnam – il le fait à sa manière en se focalisant sur le retour de ces vieux copains de jungle, tous afro-américains. Alternant les retours dans le passé et les sauts dans le présent d’un Vietnam moderne et tourné vers le futur, Spike Lee défend une fois encore la cause noire dans ce film d’aventures qui ne fait que souligner un fait connu : la population américaine noire a payé le plus lourd tribut dans la guerre du Vietnam.

A l’origine, le nouvel opus de Spike Lee aurait dû être présenté à Cannes, où le réalisateur était président du jury, mais hors compétition : la crise sanitaire en a décidé autrement et c’est Netflix qui rafle la mise… Le tout dans une crise sociale qui n’était pas prévue et offre une caisse de résonance imprévue à l’histoire : les impressionnantes manifestations antiracistes qui ont suivi l’étranglement mortel de George Floyd par un policier blanc de Minneapolis, le 25 mai dernier, ce qui a provoqué une vague de manifestation mondiale.On retrouve ce qui fait le style de Spike Lee : le sens des dialogues qui fusent, des scènes de calme qui présagent la tempête, des caractères bien trempés et une mise en scène qui se joue du cadre. Dans ce film, la photographie est, par exemple, d’une vraie beauté, notamment dans les séquences en pleine nature.

l y a aussi un souci des seconds rôles dans ce film et Jean Reno campe un trafiquant français très vraisemblable alors que Mélanie Thierry est très juste dans le rôle inattendue d’une démineuse – elle a un passif familial et colonial dans ce pays – qui va se retrouver embarquée dans le périple non dénué de dangers des vétérans américains. Dans Elle, elle souligne : « On comprend que cette femme a grandi en étant le temoin d’une injustice effroyable et, souvent, ce sont les fils de bourgeois qui font les meilleurs punks. Pour se libérer de cette culpabilité, elle va essayer de se rendre utile. »

De séquence en séquence, Spike Lee parvient à nous faire partager les cauchemars de ces vétérans mais aussi les différences qui les opposent, tout comme il montre bien le racisme de certains à l’égard des vietnamiens, comme si la guerre avait exacerbé toutes les tares humaines.

Il est juste dommage que le film tire un peu trop en longueur et que la dernière partie, avec des scènes plus proches de l’hallucination (mais qui n’ont pas la densité de celles d’Apocalypse Now) ne viennent alourdir inutilement le propos, flanquées d’instants de violence semblant un peu gratuites.

In fine, Spike Lee, malgré l’originalité du scénario, ne nous convainc qu’à moitié cette fois !

 

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