L’œil politique de Costa-Gavras

Patrimoine


Avec Costa-Gavras, le cinéma n’est pas qu’une boite à images. Ses films sont là pour « dire » quelque chose. La preuve avec État de siège, sorti en 1973. Séance de rattrapage ce lundi 8 sur France 5 à 20h50.

État de siège est un film  politique et engagé. L’histoire ? Nous sommes en Uruguay, dans les années 70. Alors qu’il arrive à Montevideo , un conseiller américain d’une junte sud-américaine est enlevé par les Tupamaros, des révolutionnaires d’extrême-gauche. Au fil d’un interrogatoire, on va peu à peu découvrir qui il est vraiment et les raisons de sa présence.

Coutumier des films politiques, depuis Z, Costa-Gavras faisait des recherches sur l’action clandestine de la CIA en Amérique latine et il découvre l’existence de Dan Mitrione, un  policier fédéral des Etats-Unis. Celui-ci enseignait les « techniques avancées de contre-insurrection » – clairement la torture – aux forces de l’ordre de diverses dictatures militaires. Mais il fut enlevé et abattu, en 1970, par les Tupamaros.Jouant sur des retours en arrière et les montages parallèles – ce qui rend parfois compliqué la compréhension de l’histoire – Costa-Gavras reconstitue le parcours de cet homme et c’est Yves Montand qui récupère ce contre-emploi lui qui avait joué un député progressiste dans Z et un communiste emprisonné dans L’Aveu. Simplement, le  nom du personnage est devenu celui de Philip Michael Santore dans cette fiction écrite après une solide enquête.

Le film dévoilant d’emblée la chute de ce personnage – sa mort – tout le suspense consiste à relater les raisons de cette exécution. Non sans un certain courage, Costa-Gavras montre avec précision « l’action souterraine des États-Unis en Amérique latine ». Et, en contrepoint, comment les révolutionnaires se sont retrouvés piégés par leur propre ultimatum.

Après Z, Costa-Gavras utilise de nouveau une musique du compositeur grec Mikis Theodorakis. Et, pour le scénario, il a fait appel à Franco Solinas (le scénariste de La Bataille d’Alger) quand Pierre-William Glenn s’occupe de la photographie. Un document idéologique qui conserve toute sa force.

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