Sur les hauteurs de Montmartre, Paris revit à l’heure de l’Allemagne nazie. La crise sanitaire a, en effet, interrompu le tournage du nouveau film de Fred Cavayé. Et les décors de l’époque installés dans deux rues font faire un sacré bond dans le temps à qui s’y engage.
On quitte Paris tout juste sorti du confinement pour plonger dans le Paris de 1942 du côté de la rue Berthe et de la rue Androuet, à un jet de pierres de la maison qui appartînt à Dalida. S’il n’y avait que les façades du cordonnier, du pharmacien ou de la marchande de corsets, on aurait une impression de rues préservées dans son jus. Très vite, une affiche antisémite, antibolcheviques;
celles qui célèbrent la France de Pétain rappellent à une triste réalité. Heureusement, il s’agit d’un tournage, celui du nouveau film de Fred Cavayé, Adieu Monsieur Haffmann, une adaptation de la pièce aux quatre Molière. Si l’équipe avait tourné pendant huit semaines, le confinement à grippé la machine et elle a décidé de laisser le décor en état pour terminer les dix jours de prise de vue. C’est dans ce décor d’un autre temps que les passants ont pu déambuler avant la reprise du tournage début juin avec les trois comédiens principaux : Gilles Lellouche, Daniel Auteuil et Sara Giraudeau.L’histoire ? Homme ordinaire qui rêve de fonder une famille avec, Blanche, la femme qu’il aime, François Mercier voit sa vie bouleversée par l’occupation allemande. Il doit alors conclure un accord avec M. Hoffmann, le joailler (Daniel Auteuil) qui l’emploie et cette décision va bouleverser le destin des protagonistes.
Œuvre d’un grand décorateur du cinéma, Philippe Chiffre, les décors n’ont été délestés, le temps du confinement, que des affiches placardées sur les magasins appartenant à des juifs ou des placards résolument antisémites. Laisser de telles ignominies durant des semaines auraient été mal venu, surtout par les temps qui courrent.
Le tournage va se terminer dans des conditions nouvelles, crise sanitaire oblige, et Fred Cavayé a mis à profit les semaines d’inactivités pour déjà travailler au montage et revoir son plan de travail. Pour l’anecdote, la magie du cinéma lui permettra de passer de 120 à 7 figurants pour éviter tout contact rapproché. De même, une séquence de danse a été entièrement repensée. Cela dit, jouer sur l’imagination du spectateur est souvent plus puissant que de montrer…
En tout cas, les promeneurs qui sont passés rue Berthe ont fait un sacré saut dans temps maudit…


