GUY BEDOS : « C’EST ÇA LA VIE ! »

Décidément, les mois de mai sont meurtriers… Acteur et humoriste, résolument de gauche, Guy Bedos vient de tirer sa révérence quelques jours après la disparition de son complice en écriture, Jean-Loup Dabadie.

Depuis des années, Bedos aimait conclure ses spectacles en solo par son célèbre sketch, La Vie est une comédie italienne : sur un fond de musique de film à la Fellini, il lançait :  » La vie est une comédie italienne/ Tu ris, tu pleures, tu pleures, tu ris/ Tu vis, tu meurs, tu meurs, tu vis/ Comediante, Tragediante/ C’est ça, c’est ça, la VIE. » A 85 ans, Guy Bedos vient de lâcher pour de bond la rampe, lui qui, le soir de ses vrais adieux en décembre 2013 à l’Olympia avait dit au public le fêtant : « « Je vais avoir un mal fou à vous quitter ; il n’y a que sur scène que je suis bien. »

Pamphlétaire assumé – tout le monde se souvient des piques attendues dans ses « Revues de presse » avec ses fiches de bristol en main – éternel révolté, quitte même à être traité de représentant de « la gauche caviar », Guy Bedos n’a jamais baissé la garde, ni renié ses convictions, lui dont la conscience politique fut façonnée par une enfance passée entre un beau-père raciste et une mère vraiment réac, tendance Pétain.  Il disait : « Le premier gouvernement que j’ai eu à subir, c’est ma mère et mon beau-père. Ma constance dans la rébellion vient de là .»

L’hommage funèbre signé… Pierre Desproges

Alors en véritable papy flingueur, il distribuait les baffes à ses adversaires préférés, que ce soit les ténors de la droite ou surtout le clan Le Pen. Lors d’une interview, il m’avait demandé de relire ses propos purs pour éviter tout procès, me laissant libre de l’habillage « autour » de ses mots, car certaines de ses saillies verbales, pas toujours bien retranscrites, lui avait valu un procès.

Disant souvent qu’un politique « il faut choisir entre deux inconvénients« , Guy Bedos avait, outre sa carrière en duo avec Sophie Daumier, suivie celle en solo toute aussi réussie – il avait reçu le Molière du meilleur one-man show en 1990-  fait des apparitions  remarquées au cinéma. On se souvient notamment de ses prestations dans les comédies de Yves Robert qui l’engagea dès 1965 dans Les Copains;  dans Le Caporal épinglé, de Jean Renoir ou encore dans Réveillon chez Bob, de Denys Granier-Deferre.

Outre ses prestations en one-man-show, l’ancien pensionnaire de la Rue Blanche n’avait pas oublié l’esprit de troupe et l’avait prouvé notamment en 1993, en jouant le rôle central dans La Résistible Ascension de Arturo Ui, de Bertolt Brecht, cette parabole de la prise du pouvoir par Hitler, dans une mise en scène de Jérôme Savary.

Guy Bedos sera, comme il l’avait demandé, sera enterré dans le cimetière de Lumio en Corse, une île où il avait ses habitudes et qu’il aimait beaucoup, la surnommant son « Algérie de rechange », à cause « des odeurs de maquis. »

Si la vie est bien une comédie italienne, la scène est aujourd’hui en deuil d’un de ses grands locataires…

Quelques fragments dans sa filmographie

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