Patrimoine
S’attaquant au film de genre, Roman Polanski tournait en 1967 une réjouissante parodie : Le Bal des vampires.
Persuadé que les vampires existent, le professeur Abronsius consacre tout son temps à la traque de cette espèce effrayante. Accompagné par son fidèle assistant, le jeune Alfred, ce scientifique farfelu parcourt la Transylvanie et finit par arriver dans un petit village qui semble être un nid de vampires. Dans la taverne, des gousses d’ail ornent les murs. Les habitants n’osent

répondre à ses questions et semblent terrifiés par une étrange présence. Bientôt, la fille de l’aubergiste, Sarah, est enlevée par un vampire. Abronsius et Alfred, transi d’amour devant la belle jeune fille, partent à sa recherche. Elle est retenue au château du comte von Krolock… Sur ce point de départ classique, Roman Polanski s’en donne à cœur joie pour jouer avec les codes du genre, multipliant les scènes cocasses et formant avec son complice Jack McGowran, le réjouissant duo du maître et de son disciple. Un maître qui a les allures illuminés d’un professeur Tournesol en goguette dans un coin paumé des Carpates. C’est une espèce de pied de nez humoristique à l’univers très noir de ses deux précédents films : Répulsion et Rosemary Baby. Et des références aux gousses d’ail salvatrice aux crucifix en passant par les pieux, ils s’amusent avec tout cet univers morbide et sanglant. Sans oublier les cercueils transformés en luge…
Pour son premier film en couleur – il met notamment en relief la belle couleur rousse des cheveux de Sharon Tate- Polanski a opté pour le Metrocolor qui lui permet, dans la scène de bal notamment, d’obtenir une gamme chromatique au contraste violent même si l’éclairage est faible.
Pour les tournages extérieurs, Polanski et son équipe ont opté pour le site de Valgardena, un plateau situé près d’Ortisei dans les Dolomites italiennes, l’hiver 1966. Sur place, le réalisateur a commandé de nombreux cercueils pour les besoins du film aux artisans locaux. Ce qui a provoqué l’inquiétude de certains touristes, alors les hôtels ont posé des pancartes pour indiquer au public que la région n’avait pas été touchée par une crise sanitaire mais que tout ça était bien du cinéma.
Pour l’anecdote, cette parodie de films de vampires est riche en référence picturale, voulue par le chef décorateur Fred Carter, que ce soit un tableau inspiré d’une esquisse de Léonard De Vinci ou encore, dans l’entrée du manoir, des motifs provenant d’une fameuse peinture de Brueghel l’Ancien, Le Triomphe de la Mort.
Une comédie à revoir par ces temps confinés…
