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L’ÉTAT SAUVAGE, de David Perrault – 1h58
Avec Alice Isaaz, Kevin Janssens, Déboral François
Sortie VOD : mai 2020
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Etats-Unis, 1861, la guerre de Sécession fait rage. Une famille de colons français décide de fuir le Missouri où ils vivent depuis 20 ans. Edmond, Madeleine et leurs trois filles doivent traverser tout le pays pour prendre le premier bateau qui les ramènera en France. Victor, ancien mercenaire au comportement mystérieux, est chargé de veiller à la sécurité du voyage….
3 raisons de le (re)découvrir ?
Un western féminin. En suivant le périple pour survivre de ce clan perdu dans les grandes étendues américaines, David Perrault a pris le parti, pour ce deuxième film audacieux, de suivre les regards féminins sur ce long voyage : que ce soit celui de la chef de gang, parfaitement jouée par Kate Moran, ou celui de la fille délurée du clan, Esther (Alice Isaaz) ou encore la mère (Constance Dollé) qui éprouve une haine pour la gouvernante, Layla (Armelle Abibou). De fait, celle-ci est aussi la maîtresse de son époux distant. Cette confrontation aux grands espaces symbolise alors pour ces femmes une forme d’émancipation.
Le cinéaste commente : « C’est une façon de les voir fuir un modèle qui les corsète dans un ample mouvement d’émancipation. Mon imagination est avant tout musicale et visuelle. Quand je commence à travailler, j’accumule beaucoup de sons, d’images. Pour L’État sauvage, je suis tombé sur une photo datant du XIXème siècle montrant une femme au bord d’un précipice dans le parc Yosemite, avec un horizon immense s’étendant devant elle. L’image exprime une sensation de grande liberté, on a l’impression que le monde appartient à cette femme. Et en même temps, il suffirait d’un pas de trop en avant pour qu’elle tombe… Tout le film s’est déployé autour de ce sentiment paradoxal. »
Un casting bien tempéré. Avec un casting des plus européens, David Perrault parvient à revisiter les grandes mythes de l’Ouest dans des paysages magnifiques et austères. Bruno Todeschini n’a aucun mal à se glisser dans la peau de cet entrepreneur hautain et qui dirige sa maison d’une main de fer quand les jeunes comédiennes parviennent à exprimer les caractères très différents de ses filles sans aucune fausse note. Quand à Armelle Abibou, elle est parfaite dans le rôle de Layla qui tisse avec ces jeunes filles des relations de confiance, tout en les fascinant par sa maîtrise des rites du Vaudou.
Une mise en scène qui a du souffle. Notamment dans les scènes nocturnes, dont la photographie est souvent magnifique, David Perrault fait montre d’une belle maîtrise. Si le récit s’écoule non sans une certaine lenteur qui peut en rebuter certains, les éclats de violence, dans le décor ouaté de cette nature préservée n’en ont que plus de force. Surtout avec les silhouettes fantomatiques des bandits qui traquent la famille et dont seule la femme est à visage découvert.
Drame familial et drame politique – la famille en fuite symbolise tout un monde perdu de privilèges de cette Amérique sudiste – L’État sauvage est un film assez prenant même si le thème est, en lui-même, pas très original. La rançon aussi d’une mise en scène aussi solide qu’efficace.
Le DVD sortira chez Pyramide Vidéo
