Patrimoine
31 mai 1971. Quand Sacco et Vanzetti, de Giuliano Montaldo sort sur les écrans, ce drame permet de rappeler le scandale provoqué par l’exécution de deux anarchistes italiens, en 1920, aux États-Unis. Et une musique a fait le tour du monde…
Sacco et Vanzetti est le film parfait pour illustrer tous les 1er mai et l’importance des luttes syndicales. Nous sommes à New York en 1920. Deux Italiens, Nicolas Sacco, cordonnier, et Bartolomeo Vanzetti, marchand de poissons anarchiste, sont arrêtés et accusés du meurtre de deux hommes commis au cours d’un hold-up. Fred Moore, leur avocat, démontre leur innocence mais le procureur et le juge développent une argumentation imprégnée de xénophobie et de paranoïa antibolchevique. Le jury condamne à mort les deux Italiens.
Démarrant sur un mode lent, le drame de Giuliano Montaldo qui retrace le destin de ces deux ouvriers laisse peu de doute sur l’innocence des deux hommes, magnifiquement campés par Gian Maria Volonte (Vanzetti) et Riccardo Cucciolla (Sacco) qui reçut d’ailleurs le Prix d’interprétation masculine au festival de Cannes… Il est vrai la force de la répression contre les ouvriers à cette époque en firent vite des symboles de l’oppression.
Dans ce film engagé transalpin, l’histoire dénonce encore les dérives du système politico-mafieux local. Et ce film est un concentré de tout ce qui caractérise le cinéma italien politique des années 70 dans un pays qui traverse déjà une crise politique profonde.
Aux États-Unis, l’affaire suscita bien des débats enflammés. Elle dura sept ans pour se terminer par la condamnation à mort des deux anarchistes le 23 août 1927, sur la chaise électrique. Si le film est parfois un peu trop théâtral, le fait d’y mêler des images d’époque lui donne un vrai supplément d’âme.
Quand la sentence tomba, Vanzetti lança au juge Thayer : « Si cette chose n’était pas arrivée, j’aurais passé toute ma vie à parler au coin des rues à des hommes méprisants. J’aurais pu
mourir inconnu, ignoré : un raté. Ceci est notre carrière et notre triomphe. Jamais, dans toute notre vie, nous n’aurions pu espérer faire pour la tolérance, pour la justice, pour la compréhension mutuelle des hommes, ce que nous faisons aujourd’hui par hasard. Nos paroles, nos vies, nos souffrances ne sont rien. Mais qu’on nous prenne nos vies, vies d’un bon cordonnier et d’un pauvre vendeur de poissons, c’est cela qui est tout ! Ce dernier moment est le nôtre. Cette agonie est notre triomphe. »
Ces dernières paroles se retrouvent immortalisées dans la chanson qui figure au générique du film et que chante avec sa voix magnifique Joan Baez sur une très belle musique d’Ennio Morricone .
