
PATRIMOINE
Le Juge et l’Assassin, de Bertrand Tavernier en 1976 marque un tournant dans la carrière de Michel Galabru qui, dans un rôle dramatique, y faisait montre de l’étendue de son registre.
Nous sommes à la fin du XIXème, Joseph Bouvier est révoqué de l’armée à cause de ses excès de violence. Suite à ce renvoi, l’homme s’attaque à sa fiancée et tente de se suicider, en vain. Après un séjour en hôpital psychiatrique, Joseph ressort de cet endroit encore plus enragé et décide de se venger sur toutes les personnes qui croiseront son chemin en Ardèche. Non loin de là, le juge Rousseau, passionné par l’affaire, prend part à l’investigation et se met sur les traces de Bouvier. Bien décidé à le mettre sous les verrous, c’est le début d’une chasse à l’homme..
Avec Le Juge et l’Assassin, Bertrand Tavernier abordait de manière originale le thème de la peine de mort à travers l’opposition entre un juge arriviste et un serial killer. Une relation qui se construit sur de la manipulation mutuelle.Avec Jean Aurenche, le co-scénariste (avec Pierre Bost) du film, Bertrant Tavernier s’est inspiré d’un vrai fait-divers pour en tirer le maximum de pistes : ils abordent aussi bien la société inégalitaire que le combat de deux hommes, pas si différents que ça, ou encore une justice pas si juste que ça… Il y a aussi le rôle (déjà !) de la presse qui fait se demander au public si Bouvier est
vraiment l’ordure que dépeint alors la presse.
Pour Jean Galabru, le film fut celui de la renaissance. L’acteur n’a jamais caché qu’il avait tourné bien des films alimentaires mais ce n’était pas avec des comédies aussi médiocres que Le Trouble-Fesses ou Le Fürher en folie que le comédien pouvait faire montre de tout son talent. Dans le rôle de Bouvier, tour à tour violent ou allumé, presque mystique, Galabru est éblouissant. Il a raconté comment, le soir de la remise des César, s’attendant tellement peu à recevoir un prix, il s’était rendu dans la salle à la dernière minute : ce drame lui valut pourtant le César du meilleur acteur en 1977. Outre Philippe Noiret, toujours impeccable dans le rôle du juge, le film est construit aussi autour d’une distribution inventive et solide dans laquelle figurent aussi bien Jean-Pierre Sentier que Christine Pascale et Gérard Jugnot…
Enfin, on note la présence du bateleur campé par Jean-Roger Caussimon et qui interprète la complainte du film ou encore la version de La commune est en lutte, i par Isabelle Huppert, une chanson que Caussimon chantera ensuite sur un de ses derniers albums. En tout cas, c’est un très grand film et un très grand rôle!
