MAURICE BARRIER : FIN DE PARTIE

Disparition


Maurice Barrier est un visage connu du public. Son nom l’était moins. Pourtant, il fut un des seconds rôles marquants du cinéma. Il vient de disparaître, victime du Covid-19.

Il avait une silhouette carrée, un regard bleu et une voix forte. Maurice Barrier vient de mourir, une victime de plus du virus qui nous contraint au confinement : il avait 87 ans.

Né  à Malicorne-sur-Sarthe, il était issu d’un milieu très pauvre. En 2011 dans une interview à L’Yonne républicaine, il déclarait : « Je viens de la misère. Quand j’étais gamin, on n’avait rien à bouffer à la maison. C’était horrible, je n’ai jamais renié mon milieu, et je saurai gré toute ma vie à mes parents d’avoir été des êtres qui m’ont donné tant d’amour. »

Après avoir bossé dans l’atelier de son père dès ses 14 ans, Maurice Barrier avait enchaîné les petits boulots avant d’intégrer une chorale au Mans, à 18 ans.  C’est donc en chantant durant les entractes des projections qu’il a fait ses débuts… au cinéma.

Une décennie plus tard, séjournant alors à Rennes, Maurice Barrier croise des pensionnaires du Centre dramatique de l’Ouest et débute dans Les Femmes savantes et On ne badine pas avec l’amour. Et c’est dans les années 1960, il rejoint le Théâtre de l’Est parisien.

Ses débuts au cinéma furent dans La Prise de pouvoir par Louis XIV, de Roberto Rossellini en 1966,où il tenait le rôle de d’Artagnan,  première étape dans une carrière riche en second rôle. Ensuite, il tournera une trentaine de films, croisant aussi bien le fer avec Jean-Paul Belmondo, Jean Gabin, Alain Delon, Pierre Richard, Gérard Depardieu… On le retrouve ainsi à l’affiche du Grand blond avec une chaussure noire (1972), de Deux hommes dans la ville (1973) ou encore Flic story (1975). Dans les années 1980, Maurice Barrier tourne dans des productions importantes, que ce soit Le Retour de Martin Guerre (1982) ou encore Les Compères (1983)… Remarqué par Federico Fellini, il fait même une apparition en 1983 dans Et vogue le navire...

Moins présent au cinéma dans les années suivantes, il figurera au générique de nombreux feuilletons et téléfilms, comme ce Goupi mains rouges, nouvelle adaptation du célèbre roman de Pierre Véry (1937), signé Claude Goretta en 1994.

C’est au théâtre que sa carrière ne connaîtra pas d’éclipse avec Les Misérables, de Robert Hossein en 1980 ou encore Chacun sa vérité, de François Périer en 1983. Et, en 1998, il décroche le Molière du meilleur comédien dans un second rôle pour sa prestation dans la pièce Douze hommes en colère, de Reginald Rose.

Second rôle de choc, Maurice Barrier n’avait jamais abandonné la chanson : en 1980, il a ainsi interprété et chanté dans le rôle de Jean Valjean dans une version musicale sur scène des Misérables.

Il vivait en Bourgogne à Montréal d’où était originaire son épouse, l’actrice Hélène Manesse. À une équipe de France 3 Bourgogne de Rendez-vous chez vous, il évoquait ce village et disait : « Ce qui me plaît, c’est sa chaleur. Il est chaleureux, il est beau quand on s’y promène. »

 

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