LA RÉVOLTÉE DU TEXTILE

VOD


MADE IN BANGLADESH, de Rubaiyat Hossein – 1h35

Avec Rikita Shimu, Novera Rahman

Sortie VOD – avril 2020

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Shimu, 23 ans, travaille dans une usine textile à Dacca, au Bangladesh. Face à des conditions de travail de plus en plus dures, elle décide avec ses collègues de monter un syndicat, malgré les menaces de la direction et le désaccord de son mari. Ensemble, elles iront jusqu’au bout.

Ce qui touche dans le film ?

La réalisatrice Rubaiyat Hossein a l’esprit de suite : dans son film précédent, Les Lauriers-roses rouges, où elle suivait une actrice de théâtre tentant de mener une existence équilibrée entre sa carrière et sa vie privée, il y avait déjà un personnage secondaire qui quittait son emploi de domestique pour travailler dans une usine de textile. Et c’est elle que l’on retrouve aux premières loges de ce drame social où une ouvrière prend tous les risques, avec beaucoup de détermination et d’astuce, pour parvenir à faire respecter les petites mains qui bossent comme des esclaves dans la petite entreprise de textile qui les exploite.

Pour nourrir son récit, Rubaiyat Hossein a fait des recherches pendant trois ans : elle a notamment été informée par Daliya, une ouvrière syndicaliste qui est devenue consultante sur les dialogues et a donné des cours  aux comédiennes pour se servir d’une machine à coudre. Ce qui confère un vrai réalisme à l’ensemble des scènes filmées dans la fabrique aux airs de prison où même la ventilation fait l’objet d’âpres négociations.  « Cette femme a été horriblement maltraitée, prisonnière d’un mariage abusif, mais son souhait était de retrouver une forme de dignité. J’ai pu commencer à écrire mon scénario, librement inspiré des vrais événements de sa vie », raconte Rubaiyat Hossein.

Tournée dans une vraie usine abandonnée et sur des machines louées pour l’occasion – mais le plateau était fermé pour éviter toute fuite dans la presse – ce drame social montre bien comment les femmes indiennes sont écartelées entre l’oppression des patrons et celle des maris qui voudraient les maintenir sous leur férule. Les situations sonnent justes, les dialogues aussi et la mise en scène dynamique et colorée.

En prime, il  a fallu un courage certaine à la réalisatrice et à la production du film très réussi pour tourner un tel sujet  au Bangladesh  où les patrons de l’industrie textile sont si proches du pouvoir politique.  Pour mémoire, le Bangladesh est le deuxième plus grand exportateur mondial de vêtements derrière la Chine ! À noter enfin que les femmes (parfois mineures) représentent 85% de la force de travail.

C’est dire l’importance d’une telle fiction – qui rappelle certains opus politiques dont le cinéma anglais est parfois friand – pour dénoncer ces pratiques médiévales. Une histoire portée par l’interprétation d’une totale justesse de Rikita Shimu.

Le film sortira dans quelques semaines en DVD chez Pyramide Vidéo.

 

Laisser un commentaire