PATRIMOINE
Parfois considéré comme un Fellini « mineur », Prova d’orchestra (Répétition d’orchestre) sorti en 1979 est pourtant une œuvre subtile, une critique sociale sous la forme d’une allégorie musicale…
La musique a toujours joué un rôle important dans l’univers cinématographique de Fellini. Dans Prova d’orchestra, elle est au cœur du scénario. Dans un oratoire du XIIe siècle désaffecté, un copiste dépose des partitions sur des pupitres de musiciens. Une répétition d’orchestre va avoir lieu. Les participants arrivent et s’installent. Une équipe de télévision doit faire un reportage, mais on n’entendra que la voix de l’interviewer. Le chef d’orchestre commence la répétition. Il est nerveux, hautain, cassant. Un différent éclate avec le délégué syndical. La répétition est interrompue…
Alternant l’humour et une certaine violence, Fellini signe ici une réflexion plus profonde qu’elle ne peut sembler au départ. De fait, il y est aussi question de création, de musique mais aussi d’ordre social dans ce film où la caméra nous fait plonger au cœur de la vie d’un orchestre qui gronde.
Derrière ses faux airs de documentaire, avec en prime le prisme du reportage de la télévision, avec une mise en abyme comme les aime le maestro romain, ce film est de fait une assez savoureuse critique sociale.
Enfin, on retrouve les musiques du compositeur, compagnon de route de Fellini depuis son premier long métrage Le Cheik blanc (1952). Nino Rota peut, cette fois, donner libre cours à sa riche inspiration. Et la bande originale de cet opus est un petit régal. Seule la mort de Nino Rota, l’année de sortie de ce film, mettra un terme à cette collaboration amicale.
