PATRIMOINE
Quand Clint Eastwood filme en mode mineur, mélancolique, cela donne le très réussi Honkytonk Man, sorti en 1983. Une film qui montra une toute autre facette de la personnalité d’un cinéaste pourtant féru de musiques.
Honkytonk Man est le voyage retour d’un artiste de troisième zone. Red, musicien ambulant, retourne a la ferme familiale en Oklahoma. C’est pour y retrouver un paysage devaste par un ouragan. Il est malade et se sait gravement atteint. Pourtant, une derniere chance s’offre a lui. Une convocation pour une audition a Nashville.
SI on avait déjà senti la sensibilité de Clint Eastwood avec Breezy, c’est avec Honkytonk Man dans lequel il joue avec une grande justesse ce chanteur de country malade et alcoolique dans une atmosphère qui ressemble à un western musical. Pour cet ultime périple musical, le réalisateur a choisi de faire jouer son « fils de fiction » – ce neveu admiratif – par son propre rejeton, Kyle, devenu depuis le musicien de jazz et contrebassiste que l’on sait.
Outre une musique originale qui fleure bon l’univers d’un Johnny Cash ou d’un Hank Williams, et qui est l’œuvre d’un Steve Dorff, Eastwood nous plonge dans un portrait réaliste saisissant de
l’Amérique des années 30 et de la Grande Dépression, des perdus de la croissance, et des laissés-pour-compte. Avec au détour d’une séquence des moments plus picaresques comme le vol manqué du café
Dans l’histoire, on remarque le personnage de la petite servante, Marlene, dont la première audition est tout sauf magistrale et qui va réapparaître à Nashville au moment même où Red va tirer sa révérence. Et ainsi la jeune génération prend la relève dans ce beau road-movie désenchanté portée par une musique originale parfaite.
Clint Eastwood révélait ici un autre visage : si le film provoqua un malaise certain dans le public américain, il marqua un vrai tournant dans la carrière de l’ancien cowboy, héros des films spaghetti. On était bien loin de l’univers viril qui avait marqué le début de sa carrière.

